L’itinérance chez les femmes

Apr 25, 2024

An English version of this blog post is available here.

Je prépare un manuel en libre accès sur l’itinérance et je viens de publier le chapitre 8, qui se concentre sur l’itinérance vécue par les femmes. La version PDF du chapitre complet est disponible ici (en anglais seulement).

Voici 7 points à retenir :

1. L’itinérance chez les femmes est plus souvent cachée. Les femmes ont tendance à moins utiliser les services traditionnels que les hommes. Des recherches suggèrent que les femmes passent plus de temps à dormir d’un sofa à l’autre (p. ex. chez des amis ou de la famille) que les hommes. Il se peut que cela soit dû au fait que les femmes sont plus susceptibles de percevoir les dangers associés aux refuges d’urgence.

2. Les femmes peuvent également être plus aptes à négocier des arrangements informels de logement avec des amis, de la famille et des connaissances. Malheureusement, de tels arrangements peuvent comprendre des situations qui présentent des dangers. Les femmes peuvent accepter des relations sexuelles, par exemple. La pression exercée pour garder leurs enfants à leurs côtés (hors des refuges et hors d’atteinte de la protection de l’enfance) peut motiver une grande partie de ces situations. Des pseudo-relations malsaines peuvent alors s’établir avec un autre adulte, ce qui crée davantage de difficultés.

3. Les femmes peuvent être moins disposées à dormir à la dure. Pour les femmes, il peut être très dangereux de dormir à la dure, en partie en raison du risque de violence physique et sexuelle. Les femmes peuvent être plus vulnérables à ces types de violences et sont généralement moins susceptibles de se livrer à des comportements dangereux que les hommes.

4. Chez les femmes, le rôle de la protection des enfants est plus prononcé. Lorsque les parents se séparent ou divorcent, ce sont les femmes qui ont tendance a conserver la garde des enfants. Les femmes sont alors surveillées de près par les autorités de la protection de l’enfance. Malheureusement, dans de nombreuses juridictions, au lieu d’aider la mère à obtenir un meilleur logement ou des soutiens sociaux, les autorités de la protection de l’enfance auront plutôt tendance à se concentrer sur le retrait des enfants.

5. Il y a moins de possibilités sur le marché du travail pour les femmes que pour les hommes. Les conséquences défavorables pour les femmes sur le marché du travail sont bien documentées. Elles sont le résultat du sexisme, du rôle genré de la responsabilité familiale et d’autres facteurs. Lorsque je travaillais dans le cadre d’un programme d’emploi pour personnes en situation d’itinérance, les employeurs exprimaient souvent une préférence marquée pour les employés masculins. Ceci dit, lorsqu’il n’y a pas d’autre option, le travail du sexe est plus accessible aux femmes qu’aux hommes. Toutefois, le recours au travail du sexe pose des risques et des défis considérables. Les femmes qui pratiquent le travail du sexe ne bénéficient pas des mêmes protections législatives que dans le cadre d’un travail traditionnel. Le risque de victimisation et de violence est considérablement plus élevé et le travail du sexe augmente le risque d’intervention des services de la protection de l’enfance.

6. Les logements de soutien spécialisés pour femmes peuvent jouer un rôle important. Les logements de soutien permanents prévoient une subvention visant à aider les ménages à faible revenu à payer le loyer et à recevoir diverses formes de soutien professionnel afin d’aider le ménage à fonctionner et à demeurer logé. Les caractéristiques des logements supervisés conçus spécifiquement pour les femmes peuvent inclure un espace commun, en partie pour que les femmes puissent se soutenir mutuellement et partager la garde informelle des enfants. D’autres caractéristiques peuvent inclure des services formels de garde d’enfants, d’éducation et de formation professionnelle.

7. L’accès à des soins de santé spécifiquement destinés aux femmes est essentiel. Des soins de santé spécifiques aux femmes peut comprendre : un éventail d’options de contraception, ce qui comprend un soutien et des services d’avortement, des soins prénataux et postnataux pour les femmes enceintes et les nouvelles mères en situation d’itinérance, des programmes éducatifs centrés sur la santé féminine et des ressources en matière de santé mentale des femmes. Il est primordial que les agences de santé publique, les hôpitaux et les cliniques locales conjuguent leurs efforts pour proposer un dépistage gratuit du cancer du sein et du col de l’utérus dans les refuges.

En résumé. Ceci est un sommaire du chapitre 8 d’un manuel interdisciplinaire à libre accès rédigé par un seul auteur et ayant pour objectif de fournir une introduction à l’itinérance pour les étudiants, les prestataires de services, les chercheurs, les décideurs politiques et les défenseurs. Tout le matériel de ce livre est disponible gratuitement ici. Les nouveaux chapitres seront téléchargés au fur et à mesure qu’ils seront complétés tout au long de l’année.

 

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Annick Torfs pour l’aide qu’elles m’ont apportée dans la préparation de ce billet de blogue.