10 faits saillants sur la plateforme du Bloc Québécois en matière de logement
An English-language version of this blog post is available here.
Comme les Canadiennes et Canadiens se préparent à aller aux urnes la semaine prochaine, le Bloc Québécois (« le Bloc ») a lancé sa plateforme électorale qui comprend une section dédiée au logement.
En voici 10 faits saillants.
1. Le Bloc presse le gouvernement fédéral à augmenter les subventions au logement pour les ménages à faible revenu. Il suggère que le financement fédéral en question devrait augmenter graduellement jusqu’à ce qu’il équivaille à 1 % des revenus fédéraux annuels. Celui-ci est un engagement bizarre comme on estime que les dépenses fédérales prévues en matière de logement, destinées principalement aux ménages à faible revenu, sont déjà de cet ordre-là.
2. Le Bloc Québécois préconise un financement stable et en continu en matière de logement, plutôt qu’un financement par le biais d’ententes ad hoc. Cette idée fait écho aux inquiétudes de la majorité des fournisseurs de logement à but non lucratif à travers le pays, si pas tous les fournisseurs, pour qui les délais d’obtention de nouvelles reliées à leur financement sont trop brefs pour planifier adéquatement.
3. Le Bloc propose que tous les biens immobiliers excédentaires fédéraux soient consacrés principalement au développement de nouveaux logements pour les ménages à faible revenu. Cette idée est intéressante. Pendant le mandat de John Tory à la mairie, la Ville de Toronto a utilisé avec succès des terres publiques pour le développement de logements abordables dans le cadre de l’initiative Housing Now (lien en anglais).
4. Le Bloc Québécois veut imposer une taxe sur la spéculation immobilière afin de modérer les augmentations des prix du logement. La plateforme ne contient aucun détail sur cette proposition.
5. Le Bloc veut une réforme du régime d’accès à la propriété « pour tenir compte des réalités différentes des ménages québécois et des situations familiales de plus en plus diversifiées. » On n’explique pas ce que le parti entend par ceci. C’est possible qu’il fasse référence au fait que le Québec a une plus grande proportion de ménages à une personne, monoparentaux, et à couples non mariés ou du même sexe.
6. Au contraire des autres partis principaux, le Bloc ne place pas d’accent sur l’importance de rendre plus de ménages propriétaires de leur logement. Ceci pourrait découler du fait qu’être locataire est plus commun et plus socialement acceptable au Québec que dans les autres régions du Canada.
7. Le parti propose un fonds d’acquisition. Il prétend que ce fonds permettrait aux fournisseurs de logement coopératif et à but non lucratif « d’acquérir des immeubles de logements actuellement accessibles dans le marché privé » tout en assurant l’accessibilité financière des unités. Il ne précise pas comment ce fonds opérerait.
8. Le Bloc promet de s’assurer que « Québec reçoit sa juste part de financement, sans condition, des programmes fédéraux de lutte à l’itinérance…» Il n’est pas clair ce qui justifie l’impression du Bloc que le Québec reçoit moins de financement fédéral qu’il est dû pour lutter contre l’itinérance.
9. Le Bloc Québécois veut que les augmentations de financement fédéral en matière d’itinérance liées à la pandémie deviennent permanentes. Le Bloc fait probablement référence aux 236,7 millions de dollars annoncé le 21 septembre 2020 pour Vers un chez-soi dans le contexte pandémique. Ceci représenterait approximativement un doublement du financement fédéral annuel pour la lutte contre l’itinérance.
10. La plateforme ne contient aucune mention de logement supervisé. Par « logement supervisé », j’entends le logement subventionné pour les groupes marginalisés (surtout pour des individus ayant de sérieux défis de santé mentale) ainsi que l’appui de travailleurs sociaux pour les locataires. Le logement supervisé est considéré depuis longtemps une réponse politique raisonnable pour les gens en situation d’itinérance de longue durée.
En somme. La plateforme du Bloc Québécois, bien qu’elle ne contienne pas beaucoup de détails, propose des politiques raisonnables qui peuvent informer le débat national. Le manque d’accent sur l’importance de devenir propriétaires crée un contraste marqué avec les autres partis principaux. L’attention que pose le Bloc sur le dossier de l’itinérance est un vent de fraîcheur.
Je souhaite remercier les personnes suivantes pour leur appui avec ce billet : Daniel Béland, Michèle Chappaz, Marc-André Gagnon, Michel Laforge, James McGregor, Alain Noël, Steve Pomeroy, Sylvia Regnier, Vincent St-Martin, Greg Suttor, Alex Tétreault, Sam Watts et plusieurs réviseurs anonymes.