Dormir à la dure et les campements

Oct 15, 2022

An English version of this blog post is available here.

J’écris un livre numérique à libre accès portant sur l’itinérance et je viens de lancer le troisième chapitre, intitulé « Dormir à la dure et les campements ». La version PDF du chapitre intégral est disponible ici (en anglais seulement).

Voici neuf choses à savoir :

1. Plusieurs termes existent pour décrire le sommeil à l’extérieur. On compte parmi ceux-ci dormir à la dure (rough sleeping), le sans-abrisme et l’itinérance. On traite souvent un groupe de plusieurs personnes dormant à l’extérieur en groupe de campement.

2. Le sommeil à l’extérieur se fait parfois en groupe. On décrit parfois de tels groupes comme étant, entre autres, des campements ou des villages de tentes (tent cities). Les gens peuvent préférer dormir en groupe puisqu’ils croient que leurs nombres leur offrent de la protection.

3. Il existe plusieurs raisons possibles pour lesquelles les gens pourraient choisir de dormir à l’extérieur plutôt que dans un refuge. On compte parmi ces facteurs : un nombre insuffisant de lits ; les restrictions ; le vol ; la violence ; la transmission de maladies ; et la documentation requise pour accéder au refuge.

4. Les gens qui dorment à l’extérieur font face à des vulnérabilités importantes. Celles-ci incluent : l’exposition aux intempéries et à la météo extrême ; la violence physique et sexuelle ; le vol de propriété ; le risque d’incendie et d’inondation ; le manque de soins de santé ; le manque de soutien en matière de logement et le manque de l’aide au revenu.

5. Ces personnes ont également des durées de vie plus courtes que celles qui sont abritées dans les refuges d’urgence. Une étude récente effectuée à Boston a trouvé que le taux de mortalité (c.-à-d. la fréquence des décès dans une population donnée durant une certaine durée de temps) pour les gens dormant à l’extérieur était presque trois fois plus élevé que celui de toutes les personnes à Boston vivant en situation d’itinérance.

6. Plusieurs types de provisions et de services sont requis par les gens dormant à l’extérieur. Quelques exemples sont : de l’eau potable ; des couvertures et des vêtements appropriés pour le climat ; de la nourriture ; un accès aux toilettes et aux installations permettant de se laver le corps et les mains ; des produits hygiéniques féminins ; des services médicaux et pharmaceutiques ; des fournitures et des services de réduction des méfaits ; et du soutien pour les processus de demande d’aide au revenu et au logement.

7. Tout comme les campements peuvent prendre différentes formes, les réactions communautaires varient autant. Ce chapitre présente un survol des cinq principaux types de réponses : le déblayage sans ou avec peu de soutien ; le déblayage avec un soutien ; l’ignorance bénigne ; le consentement tacite ; et la sanction formelle.

8. Le sommeil à l’extérieur est un rappel flagrant du besoin de logements plus abordables avec des supports appropriés en travail social (p. ex., plus d’approches Logement d’abord). Quoiqu’il soit important de réagir rapidement et efficacement dans ces cas, il est important de ne pas perdre de vue le portrait global.

9. Ces situations exposent également plusieurs des limites des refuges d’urgence. Celles-ci génèrent un gène considérable parmi les travailleurs.euses du domaine de l’itinérance, les membres du public et les élu.e.s. Tandis que les refuges ont le potentiel de « contenir un problème » en gardant l’itinérance hors de vue, le sommeil à l’extérieur est très visible et force un débat public.

En conclusion. Ceci est un sommaire du troisième chapitre d’un manuel à auteur unique, interdisciplinaire et à libre accès ayant comme but d’offrir une introduction à l’itinérance pour des étudiant.e.s, des fournisseurs.euses de services, des chercheurs.ses, des décideurs.euses politiques et des intervenant.e.s. Tout le contenu du manuel est disponible gratuitement ici (en anglais seulement). Les chapitres seront téléversés au courant de l’année à mesure qu’ils sont complétés.

Je souhaite remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur appui avec ce billet.