L’itinérance chez les jeunes
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Je prépare un manuel à libre accès sur l’itinérance et je viens de publier le chapitre 9, qui se concentre sur l’itinérance chez les jeunes. La version PDF du chapitre complet est disponible ici (en anglais seulement).
Voici dix point à retenir :
1. Des sous-groupes spécifiques de jeunes sont particulièrement vulnérables à l’itinérance. Cela comprend notamment les jeunes racialisés, les jeunes parents et les jeunes LGBTQ2S. Bon nombre de jeunes qui se retrouvent en situation d’itinérance ont été impliqués dans le système de la protection de l’enfance et ont également vécu des difficultés au sein du système de l’éducation, notamment des troubles d’apprentissage, le TDAH, des handicaps physiques et l’intimidation.
2. Le rôle de la protection de l’enfance est une considération importante dans le cadre de l’itinérance chez les jeunes. La plupart des nations prospères sont dotées d’autorités chargées de la protection de l’enfance qui veillent sur les enfants jugés être en situation dangereuse. Lorsqu’il a été jugé qu’un enfant ou un jeune se trouve dans une telle situation, on le retire souvent de la cellule familiale pour qu’il soit pris en charge. Malheureusement, lorsque les jeunes approchent l’âge où ils ne pourront plus bénéficier des services de la protection de l’enfance, les dispositions de planification nécessaires pour la « vie après la protection de l’enfance » sont souvent insuffisantes.
3. Les organismes d’aide à la jeunesse et les autorités scolaires peuvent travailler en collaboration. Les organismes d’aide à la jeunesse qui offrent des programmes et des soutiens aux jeunes à risque d’itinérance peuvent collaborer avec les autorités scolaires afin d’identifier les jeunes qui présentent des signes précurseurs. En effet, les enseignants, les conseillers d’orientation et les responsables peuvent être les « yeux et les oreilles » au sein du système et mettre ces jeunes en contact avec des agences qui peuvent leur procurer de l’aide et ôter les obstacles qui les empêchent d’accéder aux soutiens.
4. En particulier, les écoles permettent d’identifier les signes précurseurs. Les autorités scolaires peuvent collaborer avec les organismes d’aide à la jeunesse locaux pour détecter : les élèves qui ont des troubles d’apprentissage, qui souffrent de TDAH, qui ont des handicaps physiques et qui ont été victimes d’intimidation. Les élèves que l’on identifie éventuellement comme présentant un risque sérieux d’itinérance devraient recevoir des soutiens d’intervention précoce.
5. Lorsque les jeunes commencent à connaître l’itinérance, ils font l’objet d’encore plus de victimisation. Lorsqu’ils sont en situation d’itinérance, les jeunes peuvent connaître : une détérioration de leur santé mentale; une exposition à la violence sexuelle et physique; une participation réduite à l’école; le chômage; la victimisation criminelle; et la traite des êtres humains (cela peut comprendre : être poussés à vendre de la drogue et à travailler dans le commerce du sexe, se faire piéger et être manipulés).
6. Il peut être avantageux de repousser l’âge auquel les jeunes quittent les familles d’accueil. Il a été constaté que la prolongation du placement en famille d’accueil était liée à « une amélioration du niveau de scolarité, à une augmentation des actifs financiers, à une réduction de l’accès aux soutiens publics fondés sur les besoins, et à une diminution de l’itinérance, des difficultés économiques et des démêlés avec le système de la justice pénale… ». De plus, il a également été constaté qu’une telle prolongation réduisait la probabilité de grossesse chez les adolescentes.
7. Il serait également raisonnable de repousser l’âge auquel les jeunes sortent du système de la protection de l’enfance. Les sorties de la protection de l’enfance doivent être bien soutenues. Après la pandémie, la Colombie-Britannique (Canada) a augmenté les limites d’âge pour l’accès aux soutiens à la transition et a augmenté l’âge auquel les jeunes peuvent rester dans leur placement.
8. L’Australie nous donne un exemple d’une bonne évaluation des risques en milieu scolaire. Le Geelong Project est un exemple de l’utilisation d’outils d’évaluation qui ciblent les jeunes à risque d’itinérance. Les élèves du secondaire remplissent un sondage et sont classés dans trois catégories selon les résultats obtenus. Ceux que l’on considère à risque élevé d’itinérance sont ciblés afin qu’ils puissent immédiatement recevoir des services et des soutiens.
9. Les logements avec services de soutien spécialisés pour les jeunes sont essentiels. Les logements avec services de soutien, parfois connus sous le nom de Logement d’abord, prévoient une subvention pour aider les ménages à faible revenu à payer le loyer ainsi qu’une variété de personnel professionnel qui aident les ménages à fonctionner et à demeurer logés. Dans le cas des jeunes, ils peuvent recevoir du soutien dans les domaines suivants : éducation et formation professionnelle; aide au revenu et éducation financière; soutien à l’éducation des enfants; aide au rétablissement des liens avec la famille; soutien juridique; rétablissement des liens culturels; soutien à la lutte contre le trafic d’êtres humains; soins de santé; réduction des méfaits; et sécurité alimentaire.
10. Les refuges d’urgence axés sur les jeunes peuvent jouer un rôle important. De tels établissements peuvent offrir des services spécialisés, dont bon nombre de ceux mentionnés dans le paragraphe précédent. Il est important de retenir que les jeunes peuvent être victimes d’exploitation et qu’ils risquent de connaître une itinérance persistante s’ils sont exposés à des personnes plus âgées qui ont vécu l’itinérance plus longtemps (p. ex., adultes plus âgés qui vivent une chronicité aiguë).
En résumé. Ceci est un sommaire du chapitre 9 d’un manuel interdisciplinaire à libre accès rédigé par un seul auteur et ayant pour objectif de fournir une introduction à l’itinérance pour les étudiants, les prestataires de services, les chercheurs, les décideurs politiques et les défenseurs. Tout le matériel de ce livre est disponible gratuitement ici. Les nouveaux chapitres seront téléchargés au fur et à mesure qu’ils seront complétés tout au long de l’année.
Je tiens à remercier Jenny Morrow et Annick Torfs pour l’aide qu’elles m’ont apportée dans la préparation de ce billet de blogue.