Logements communautaires pour les aînés francophones vivant en milieu minoritaire

Feb 15, 2025

An English version of this blog post is available here.

Il y a environ un an, Joel Belliveau et moi-même avons rédigé un rapport portant sur la faisabilité de créer davantage de logement locatifs subventionnés pour les aînées et aînés francophones vivant en milieu minoritaire au Canada (le rapport final, disponible en version française seulement, est disponible ici). Ce projet avait été réalisé à la demande de la Fédération des aînées et aînés francophones du Canada et financé par le Centre de transformation du logement communautaire.

Voici 10 points à retenir :

1. Il est prévu que le pourcentage des aînées et aînés augmentera au sein de la population du Canada. Cela est dû à la fois au baby-boom et au fait que les gens vivent plus longtemps de façon générale. Ce phénomène, qui affecte tous les pays de l’OCDE, est parfois nommé le «tsunami gris ».

2. Les personnes plus âgées souffrent souvent de problèmes de mobilité physique, ce qui signifie qu’elles ont besoin d’un logement accessible. Une personne qui doit utiliser un fauteuil roulant, un scooter ou un déambulateur aura peut-être besoin de portes plus larges, d’une plus grande salle de bains, de barres d’appui et d’une cuisine accessible. Il se peut aussi qu’elle ait besoin d’une entrée facile d’accès dans l’immeuble.

3. De nombreuses personnes plus âgées n’ont pas besoin de soins de longue durée mais requièrent diverses formes de soutiens afin de pouvoir vivre indépendamment. Parmi ces soutiens, on compte une aide pour le nettoyage du logement, le transport, l’alimentation, la technologie, les vêtements, la toilette et l’administration des médicaments. Ces besoins varient considérablement d’un locataire à l’autre.

4. Il est important que les locataires aient le choix de recevoir ces services dans leur langue maternelle. Une raison à cela est que les gens peuvent subir un déclin cognitif au fur et à mesure qu’ils vieillissent, ce qui fait qu’il est de plus en plus difficile pour eux de communiquer dans leur deuxième ou troisième langue.

5. L’emplacement est important. Dans le cadre de cet exercice, nous avons commandé un sondage. La plupart des personnes plus âgées qui y ont répondu ont manifesté un grand intérêt à vouloir rester dans leur propre communauté, soit là où ils ont des amis, de la famille et des soutiens communautaires.Cela signifie, entre autres, qu’il est important de créer des logements abordables dans des quartiers et communautés spécifiques (plutôt que de simplement exiger que les personnes âgées déménagent dans une communauté où il y a un logement disponible).

6. Il existe une variété de modèles qui fonctionnent. Dans certains cas, il est possible de construire un immeuble où tous les locataires appartiennent au même groupe démographique (dans ce cas-ci, les personnes âgées francophones vivant en milieu minoritaire). Dans d’autres cas, il peut y avoir des groupes de bâtiments de plus petite taille sur un même terrain. Et dans d’autres cas encore, certains des bâtiments peuvent comprendre des appartements qui offrent des lits avec des soutiens supérieurs (même des soins de longue durée), tandis que d’autres appartements dans le même édifice peuvent être destinés à des personnes âgées plus indépendantes.

7. Les bons partenariats sont importants. Si un groupe souhaite créer de nouveaux logements pour les personnes âgées francophones vivant dans un milieu minoritaire, il peut s’adresser à un fournisseur existant de logements sans but lucratif ou de coopératives d’habitation. Le fournisseur en question sait peut-être déjà comment créer des logements et gérer les risques. Dans le même temps, le groupe axé sur les langues pourrait gérer les logements et mettre en place des services d’assistance sociale.

8. Malheureusement, les investissements dans les nouveaux logements au Canada nécessitent généralement un ensemble disparate de bailleurs de fonds. De cinq à dix sources de financement peuvent être nécessaires pour chaque projet d’investissement. Une de ces sources serait probablement la municipalité. Une autre serait la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Il se peut aussi que la Fédération canadienne des municipalités accorde un financement pour la durabilité, par exemple. Certains organismes à but non lucratif peuvent disposer de leurs propres fonds. Et certaines des sources mentionnées ci-dessus peuvent bénéficier de plusieurs sources (p. ex., plusieurs sources de financement de la SCHL). De plus, une autre propriété peut être utilisée afin d’obtenir un financement.

9. Les conseillers en développement jouent des rôles importants dans la création des logements. En gros, un organisme sans but lucratif qui désire créer de nouveaux logements rémunère les conseillers pour qu’ils l’aident à développer des logements. Toutefois, les conseillers en développement ne gèrent pas les logements une fois ces derniers construits. Lors des consultations initiales avec le conseiller de développement, celui-ci peut donner une liste de tâches à accomplir à un groupe de personnes âgées francophones. Ce groupe reviendrait ensuite voir le conseiller en développement six mois plus tard, après s’être préparé.

10. Cette recherche est importante pour bon nombre d’autres populations marginalisées. D’autres groupes de Canadiens qui désirent vivre en tant que communauté peuvent comprendre divers groupes autochtones, des groupes de minorités linguistiques et des membres de la population LGBTQ2S+.

En résumé. Cette recherche, bien qu’axée sur les personnes âgées francophones vivant en milieu minoritaire, pourrait s’appliquer à de nombreux autres groupes souhaitant vivre en collectivité dans des logements abordables. Le rapport final présente plusieurs douzaines de recommandations, dont une qui consiste à créer une entité nationale qui pourrait soutenir le développement de nouveaux logements pour personnes âgées francophones vivant en milieu minoritaire.

Je tiens à remercier Jenny Morrow et Annick Torfs pour leur aide dans la préparation de ce billet de blogue.