L’itinérance et le logement avec services de soutien en Alberta
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J’ai dernièrement contribué à l’organisation d’un voyage d’étude sur l’itinérance et le logement avec services de soutien en Alberta, notamment à Edmonton et Calgary. Dans le cadre d’un partenariat avec la Toronto Alliance to End Homelessness, notre groupe comprenait 30 participants, tous issus du secteur sans but lucratif de Toronto.
Voici 10 choses à retenir :
1. Le gouvernement de l’Alberta se voit dorénavant comme un « planificateur du système » de la lutte contre l’itinérance. Tout récemment encore, d’autres entités (connues sous le nom d’organismes communautaires) jouaient ce rôle dans les plus grandes villes de la province. Toutefois, les organismes communautaires continueront à se consacrer à la gestion des données, à la formation et à l’accès coordonné (pour de plus amples renseignements sur ce changement récent cliquez ici).
2. La province fournit des sources de financement considérables pour la création et l’exploitation de logements avec services de soutien. Le Affordable Housing Partnership Program est le programme de construction de logements de l’Alberta et alloue environ 85 000 $ par logement en financement provincial, ce qui représente environ un tiers des coûts d’immobilisation associés à un projet.
3. Le gouvernement de l’Alberta fournit une aide importante basée sur la demande. Près de 12 000 Albertains reçoivent un supplément au loyer chaque année[1]. Il existe trois volets de suppléments au loyer dans la province : un pour les personnes qui fuient la violence fondée sur le genre; un pour les personnes qui bénéficient de suppléments au loyer temporaires (de 200 $ à 250 $ par mois); et un pour les personnes qui ont des besoins plus importants, notamment le Rental Assistance Benefit (s’élevant à environ 750 $ à 900 $ par mois).
4. Les centres d’accompagnement et de soutien (NSC) gérés par la province dans les villes d’Edmonton et de Calgary représentent un phénomène relativement nouveau. Le premier a ouvert ses portes à Edmonton lorsque le chef de la police a réclamé de l’aide pour les personnes qui devaient quitter un grand campement. Ces centres disposent d’un effectif dans un seul établissement qui peut procurer des services d’acheminement et d’identification (les animaux familiers constituent également un élément important). Il y a maintenant un deuxième centre dans la ville de Calgary.
5. Des services à guichet unique comparables étaient déjà offerts sur un site à Calgary bien avant que la province ne commence à gérer des centres d’accompagnement et de soutien. Le SORCe (Safe Communities Opportunity & Resource Centre) est un projet collaboratif de plusieurs agences à Calgary qui met les personnes à risque ou en situation d’itinérance en contact avec les programmes et les services qui abordent les obstacles qui empêchent les individus d’obtenir un logement stable. Il s’agit également d’un lieu où l’on administre fréquemment l’outil d’évaluation commun Logement d’abord de Calgary de d’autres soutiens. Le SORCe est installé au centre-ville de Calgary depuis juin 2013 et est axé sur le logement et l’itinérance, ainsi que sur la coordination des services d’un bout à l’autre de la ville. Le SORCe travaille étroitement avec les NSC de Calgary mais les deux entités présentent des différences importantes (discutées ici).
6. NiGiNan Housing Ventures a mis en place une initiative qui a pour but de limiter l’engagement des services de protection de l’enfance et de la famille. Cet organisme a été fondé par sept femmes autochtones il y a un peu plus de 10 ans. NiGiNan offre des logements avec services de soutien gérés par des Autochtones et ce, avec une focalisation importante sur la réduction des méfaits. Leur site Omamoo Wango Gamik est un établissement familial où la famille élargie peut fournir du soutien aux enfants lorsqu’un parent est en prison ou doit suivre un traitement.
7. Le Calgary Drop-In Centre est un grand établissement qui a subi des transformations au cours des dernières années. Antérieurement, plus les résidents séjournaient longtemps au centre, plus ils pouvaient bénéficier d’un accès prioritaire aux étages préférentiels. Dorénavant, l’accès prioritaire à ces étages est réservé aux résidents qui recherchent un logement. Les résidents les moins vulnérables sont souvent logés dans des logements locatifs privés (bon nombre sans supplément de loyer et sans gestion de cas soutenue). En revanche, les résidents les plus vulnérables ont tendance à avoir besoin d’une aide financière et d’une gestion de cas continue lorsqu’ils sont placés dans un logement.
8. Des kiosques installés dans les établissements donnent aux résidents et au personnel l’occasion de formuler des commentaires anonymes. À l’heure actuelle, des kiosques libre-service anonymes sont installés de manière stratégique dans plusieurs établissements gérés par le Calgary Drop-In Centre. Les individus peuvent répondre à des questions à choix multiples sur la qualité des services offerts sur place (p. ex., la nourriture, la propreté). De grands tableaux en ligne affichent les résultats des sondages quotidiennement. Chaque kiosque offre des questions de sondage dans 200 langues.
9. L’Alpha House Encampment Team (précédemment le DOAP Team) a pour objectif de d’empêcher les personnes de faire face aux forces de l’ordre. Cette initiative, qui a été lancée en 2005, compte 40 camionnettes et fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Elle est bien intégrée au système 211/911 de Calgary et l’équipe reçoit désormais des appels directs (au lieu d’appels directs à la police puisque l’Alpha House est mieux placée pour pour répondre à de tels appels). Cette équipe visite également les campements pour surveiller les clients. De plus, le personnel de cette équipe peut effectuer des évaluations de logement et des acheminements (y compris vers des centres de désintoxication et de traitement).
10. La HomeSpace Society offre un modèle intéressant aux autres régions du Canada. HomeSpace est un promoteur, propriétaire et exploitant sans but lucratif établi à Calgary. Cet organisme fonctionne sous l’égide d’un conseil de gouvernance conçu pour comprendre l’immobilier et les niveaux de risque appropriés. À l’heure actuelle, HomeSpace compte 1 000 logements (dont aucun n’est un logement du marché). Il ne travaille pas directement avec les locataires (en matière d’accompagnement). Chaque logement compris dans le portefeuille de HomeSpace est relié à un organisme doté d’un engagement social.
En résumé : ce billet de blogue offre un aperçu d’un voyage d’étude organisé en partenariat avec la Toronto Alliance to End Homelessness. Si vous désirez consulter un résumé plus détaillé de ce voyage d’étude [en anglais seulement], veuillez cliquer ici.
Je tiens à remercier Jenny Morrow et Annick Torfs pour leur aide dans la préparation de ce billet de blogue.
[1] Pour mettre les choses en contexte, selon le recensement de 2021, près de 10 % des ménages de l’Alberta (ce qui représente plus de 154 000 ménages et 295 090 personnes) éprouvent des besoins impérieux de logement. Généralement, cela signifie qu’ils allouent plus de 30 % de leur revenu au logement, qu’ils vivent dans un logement nécessitant des réparations majeures, ou qu’ils vivent dans un logement qui n’a pas assez de chambres à coucher.