Les logements avec services de soutien à Ottawa

Aug 21, 2025

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J’ai récemment été sollicité en tant qu’expert en la matière pour un audit sur les logements avec services de soutien effectué par le Bureau du vérificateur général de la Ville d’Ottawa. Vous pouvez consulter le rapport complet de l’audit ici.

Voici 10 points à retenir :

1. L’audit portait sur les logements avec services de soutien sur un seul site. En d’autres termes, il a pris compte des bâtiments à Ottawa où tous les locataires avaient un ensemble de besoins spécifiques et nécessitaient des services de soutien enveloppants (c.-à-d., soutien social) plutôt que les bâtiments où juste une partie des locataires étaient dans cette situation.

2. L’audit a révélé qu’un manque de financement opérationnel garanti et à long terme représentait un défi. D’après le rapport : « La ville reçoit des fonds d’investissement des gouvernements fédéral et provincial, mais ces niveaux de gouvernement ne fournissent pas de financement opérationnel supplémentaire lié aux projets d’immobilisation. » Les représentants municipaux doivent donc essayer d’obtenir le financement opérationnel requis pour gérer les logements.

3. Un manque de financement opérationnel peut signifier que certains clients ne reçoivent pas les soutiens (c.-à-d., soutien social) dont ils ont besoin une fois qu’ils sont logés. Tel que cité dans le rapport, le financement opérationnel restreint qui est en place : « ne couvre qu’un nombre limité de personnel et les prestataires de services ont indiqué que les charges de cas peuvent être difficiles à gérer, ce qui entraîne des contacts réduits avec les clients et signifie que le soutien dont ils ont besoin est fourni avec retard. »

4. Dans d’autres cas, les prestataires de logements avec services de soutien ont été obligés de servir un groupe de locataires différent que celui prévu à l’origine. Tel que décrit dans le rapport : « Grâce à l’audit, nous avons appris que récemment, certains établissements de logements avec services de soutien n’ont pas reçu le financement prévu en matière de santé qu’ils recherchaient et ont dû apporter des changements aux admissions des programmes en fonction des fonds disponibles. En particulier, le niveau d’acuité ciblé a dû être modifié à bas/modéré puisqu’ils n’avaient pas reçu les fonds nécessaires pour fournir les soutiens de santé nécessaires aux clients ayant des besoins plus complexes. »

5. Un financement opérationnel insuffisant signifie également que certains clients ayant des besoins complexes ne peuvent tout simplement pas être logés. Tel que le mentionne le rapport  : « des personnes ayant des besoins plus complexes risquent de demeurer en situation d’itinérance, étant donné que les organismes de logements avec services de soutien ne peuvent pas les appuyer. »

6. Tout cela pourrait entraîner davantage d’itinérance chronique. Tel que mentionné dans le rapport : « Lorsqu’un établissement de logements avec services de soutien destiné à accueillir des clients ayant un niveau d’acuité élevé n’est finalement en mesure que de loger des personnes ayant un niveau d’acuité plus bas/plus modéré, le groupe démographique ciblé à l’origine pourrait demeurer dans une situation d’itinérance chronique. »

7. Dans le contexte ontarien, un manque de financement opérationnel est susceptible d’exercer une pression financière considérable sur les municipalités locales. Tel que mentionné dans le rapport : « Les prestataires de services nous ont fait savoir qu’ils ne reçoivent pas de fonds suffisants de manière consistante pour effectuer les réparations des établissements et qu’ils sont parfois obligés de s’adresser à la ville pour demander des fonds supplémentaires afin de pouvoir réparer les dommages. Cela exerce une pression additionnelle sur la ville qui doit à son tour trouver les fonds nécessaires dans son budget déjà serré. »

8. Bien que cela n’était pas le thème principal de cet audit, nous avons appris que les prestataires de logements communautaires d’Ottawa ont également des difficultés à gérer les clients ayant des besoins complexes. De façon générale, les logements communautaires n’ont pas le mandat spécifique d’accueillir des clients ayant des besoins complexes (p. ex., les personnes qui ont été en situation d’itinérance à long terme). Toutefois, bon nombre de leurs locataires ont besoin d’une variété de services de soutiens (p. ex., soutiens sociaux). Des services de soutien inadéquats fournis à des locataires accueillis dans des logements communautaires à Ottawa (et ailleurs) a souvent entraîné des préjudices pour les locataires, des dommages aux logements et davantage d’appels aux services d’urgence.

9. Non seulement cela pose des défis aux locataires et aux prestataires, mais cela peut également mener à une augmentation de l’itinérance. Pour ce qui est des défis que cela pose au secteur des logements communautaires, l’audit a découvert que pour certains locataires : « les difficultés finissaient par mener aux expulsions et au système de l’itinérance ou à un retour potentiel au système de l’itinérance. »

10. Les enjeux soulevés dans ce rapport concernent de nombreuses autres communautés. Un financement opérationnel insuffisant pour les logements avec services de soutien et les logements communautaires (sans compter le nombre insuffisant de logements dès le départ) est un problème important d’un bout à l’autre du Canada. Bien que cet audit n’ait pas fait de recommandations à l’intention du gouvernement du Canada, il convient de suggérer que toute mise à jour de notre Stratégie nationale sur le logement devrait tenir compte des nombreux défis soulevés dans cet audit.

En résumé. Bien que cet audit se concentre sur les logements avec services de soutien à Ottawa, il est également pertinent dans les cadre des discussions sur les logements abordables partout au Canada. Il fait des recommandations importantes qui ont toutes été acceptées (et qui sont toutes présentées ici).

Je tiens à remercier Jenny Morrow et Annick Torfs pour leur aide dans la préparation de ce billet de blogue.