Centres d’urgence

Feb 2, 2023

An English version of this blog post is available here.

J’écris un livre numérique à libre accès portant sur l’itinérance et je viens de lancer le quatrième chapitre, intitulé « Centres d’urgence ». La version PDF du chapitre intégral est disponible ici (en

Voici dix choses à savoir :

1. En principe, les centres d’urgence — parfois connus sous le nom de refuge — servent des fonctions importantes. En théorie, des personnes sans logement sécuritaire peuvent rapidement y accéder, idéalement pour une courte durée de temps, avant de quitter le centre pour un logement. De tels centres aident à garder des personnes vulnérables relativement saines et sauves jusqu’à ce qu’un logement approprié devienne disponible.

2. Les types de services offerts dans les centres d’urgence varient beaucoup, même dans une même communauté. On peut probablement compter parmi ces services de base : un matelas, un lit ou un espace au sol où dormir ; une couverture et parfois un oreiller ; des toilettes, des douches et des services de buanderie ; un espace de rangement pour les biens personnels ; de la nourriture ; des téléphones ; une équipe appuyant la résolution de conflits ; et une adresse postale permettant de recevoir du courrier.

3. La qualité des centres d’urgence varie de façon considérable. De grandes communautés dans des pays à revenu élevé se sont dotées de grands centres avec une certaine sophistication. Mais plusieurs communautés — surtout en milieu rural — ont des installations beaucoup plus élémentaires. Malheureusement, certaines communautés n’ont aucun logement d’urgence du tout.

4. Les centres d’urgence sont rarement construits ou aménagés à cet effet. En raison de contraintes budgétaires, l’infrastructure utilisée a souvent été conçue à d’autres fins, comme des bureaux, des entrepôts, des restaurants, des usines, des écoles, des églises, des garages et des prisons. Cela étant dit, certains centres sont construits sur mesure.

5. Le personnel des centres d’urgence fait du travail important, mais est rarement bien payé. On compte parmi leurs responsabilités de base l’admission, la résolution de conflits et la sécurité, le nettoyage et la préparation des repas. Les personnes qui travaillent dans ces centres gagnent typiquement de faibles salaires et ont rarement des avantages sociaux — certains centres, surtout ceux gérés par l’État, offrent une meilleure rémunération en conformément aux standards des syndicats de la fonction publique.

6. Les modèles de séjour des personnes utilisant les centres varient énormément. Celles-ci sont déterminées en partie des circonstances personnelles de chaque individu, des règles en place au centre, des services offerts et de la disponibilité de logement abordable et approprié. En recherche, on regroupe ces types d’itinérance en trois catégories : situationnelle (voulant dire que la situation d’une personne a tendance à se résoudre au bout de quelques jours ou mois) ; cyclique (voulant dire qu’une personne a recours à un centre d’urgence de manière récurrente, mais à intervalles variables) ; et chronique (voulant dire qu’une personne a recours aux services d’un centre d’urgence pendant plusieurs mois ou même plusieurs années de suite).

7. La véritable vie privée est quasiment inexistante dans la majorité des centres d’urgence. Parfois, les gens couchent avec à peine un pied de distance entre eux et les autres. Dans de telles situations, la confidentialité des informations est difficile à assurer, en plus de la vie privée au sens physique (p. ex. devoir changer ses vêtements ou gérer une urgence de toilette devant les autres).

8. L’aide au logement aide beaucoup. Au centre d’accueil de Calgary, les personnes nouvellement admises sont affectées à un membre de l’équipe dès leur arrivée et un plan de logement est mis en place en dedans d’une journée. L’équipe les emmène ensuite faire une tournée de logements. Du financement est fourni par le centre pour appuyer les locataires prospectifs à payer entre autres le premier paiement d’un loyer, le dépôt de sécurité et le déménagement. Toute personne recevant ce soutien a également accès à au moins trois mois de soutien en gestion de cas (c.-à-d. de ressources en travail social). (Note : la majorité des centres d’urgence ne fournissent pas ce niveau d’aide au logement).

9. Plusieurs centres d’urgence offrent un accès 24/7. Il existe de nombreux avantages liés à un fonctionnement de 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Ces heures d’ouverture peuvent augmenter la sécurité des personnes résidentes. Elles peuvent aussi encourager ces personnes à faire appel aux services offerts par le centre. De plus, ceci permet aux gens de dormir le jour. Finalement, ça peut contribuer à promouvoir l’acceptation communautaire (en réduisant la visibilité de l’itinérance durant le jour et découragé de dormir à la dure).

10. Le financement et le leadership réglementaire gouvernemental font une différence. Idéalement, tous les ordres de gouvernements collaboreraient entre eux et avec des organismes à but non lucratif livrant des services. Ils devraient encourager des pratiques prometteuses tout en respectant le contexte local (p. ex. les besoins et contraintes uniques de certaines communautés) et offrir aux gestionnaires des centres d’urgence la latitude pour innover.

En conclusion. Ceci est un sommaire du troisième chapitre d’un manuel à auteur unique, interdisciplinaire et à libre accès ayant comme but d’offrir une introduction à l’itinérance pour des étudiant.e.s, des fournisseurs.euses de services, des chercheurs.ses, des décideurs.euses politiques et des intervenant.e.s. Tout le contenu du manuel est disponible gratuitement ici (en anglais seulement). Les chapitres seront téléversés au courant de l’année à mesure qu’ils sont complétés.

Je souhaite remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur appui avec ce billet. Je souhaite également remercier la Homes First Society pour l’usage de la photo ci-dessus.