Plus de logement supervisé pour les aîné.e.s semi-autonomes

Nov 11, 2021

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J’ai une grande idée pour le Canada. À mesure que notre population vieillie, dépendons moins sur les soins de longue durée et davantage sur le logement supervisé : une solution rentable pour que les aîné.e.s puissent vivre avec dignité et autonomie.

Les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) jouent un rôle important dans la vie des personnes aînées, surtout celles ayant des besoins de santé complexes (p. ex. maladie de Parkinson évoluée, SLA, démence). Afin de bien répondre à leur mandat, les CHSLD nécessitent des réformes, comme on a pu le témoigner durant la pandémie (p. ex. plus de distanciation physique, plus de financement pour des employé.e.s, moins de privatisation). À l’extérieur de ces centres, plusieurs aîné.e.s semi-autonomes habitent toujours chez eux, mais sont sous-desservi.e.s. Le logement supervisé peut jouer un rôle pour répondre à leurs besoins, en leur offrant de l’appui 24/7, mais pas au même niveau que l’appui offert dans les CHSLD.

Le logement supervise pour les aîné.e.s compte habituellement les composantes suivantes :

  1. L’octroi de financement public à un fournisseur de logement sans but lucratif afin d’assurer l’abordabilité des loyers pour les foyers à faibles ou à moyens revenus.
  2. L’offre de diverses formes d’appui aux locataires par une équipe.
  3. Des unités de logement qui ne sont pas habituellement partagées et qui sont physiquement accessibles (lorsqu’approprié).
  4. Un statut de locataire stable et pérenne, assuré par les lois provinciales/territoriales en matière de protection des locataires (la personne locataire signe un bail et a recourt aux tribunaux si leurs droits sont brimés).

Les services fournis dans un logement supervisé pour aîné.e.s varie en conséquence des besoins de chacune et chacune et peut inclure l’assistance pour se déplacer aux toilettes, pour se laver, pour embarquer sur et débarquer de son lit, pour s’habiller et à se relever en cas de chute. On peut aussi offrir un soutien au niveau des déplacements, le magasinage, la cuisson, le lavage, le ménage, les finances personnelles et la gestion des médicaments.

Un logement supervisé comprend aussi des activités sociales et récréatives, semblables aux supports offerts aux aîné.e.s semi-autonomes à domicile. Cependant, les services en logement supervisé sont offerts en groupe aux locataires habitant à proximité les un.e.s les autres. Parfois, ces unités ne sont qu’une portion de ceux dans un immeuble.

Dans d’autres circonstances, les services sont offerts dans des logements publics ou à but non lucratif destiné uniquement aux aîné.e.s. Les fournisseurs de logement abordable peuvent être des œuvres charitables, des agences à but non lucratif, des coopératives ou des corporations municipales ou provinciales de logement social. L’organisme qui appartient et opère l’édifice peut également être chargé de fournir les services de soutien, si ceux-ci ne sont pas assurés par un autre organisme.

Il y a des économies à faire avec le logement supervisé pour les aîné.e.s. Une étude récente de l’Université du Manitoba a conclu que les frais d’exploitation annuels pour une unité de logement supervisé n’étaient que le tiers de ceux pour un lit en CHSLD.

Ce type de logement est surtout important pour les aîné.e.s de plus de 75 ans à faibles ou moyens revenus atteint.e.s de problèmes de santé et ayant besoin de soutien dans leur quotidien. Il est aussi important de tenir compte du fait qu’environ deux tiers des personnes âgées de plus de 75 ans sont des femmes. Dans un système bien conçu, certains immeubles — surtout dans de plus grands centres — peuvent desservir des segments spécifiques de la population, y compris les personnes autochtones, 2ELGBTQQIA+ et les gens parlant une langue ou s’identifiant à une culture particulière.

Malheureusement, il n’y a pas assez de logements supervisés pour les personnes aînées au Canada ; les listes d’attentes peuvent être longues, si ces logements existent même dans la communauté. Plusieurs immobilisations offrant du logement aux aîné.e.s sont en besoin de modernisation. Dans d’autres cas, les immeubles n’offrant pas actuellement de logement aux aîné.e.s pourraient être convertis en logements supervisés.

Les personnes aînées sont un groupe prioritaire désigné dans la Stratégie nationale sur le logement du Canada. Toutefois, la Stratégie ne contient aucune provision pour le logement supervisé, tous groupes d’âge confondus. On devrait donc l’enrichir en y incluant du financement capital pour le logement supervisé destiné aux aîné.e.s. Une condition de ce financement devrait être un financement semblable en provenance des provinces et territoires pour assurer l’abordabilité des loyers et payer les salaires du personnel de soutien. Le statut à but non lucratif ou public des gestionnaires immobiliers et des services de soutien devrait également être une condition au financement fédéral, là où possible.

Le Canada a appris des leçons importantes de la pandémie de la COVID-19, une d’entre elles étant les lacunes des soins de longue durée. Réparons ces injustices en offrant davantage de logements supervisés pour les aîné.e.s semi-autonomes.