Les logements locatifs subventionnés et l’itinérance sous le premier gouvernement PCU de l’Alberta
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Je viens de contribuer à un ouvrage, offrant un survol du gouvernement de Jason Kenney (2019-2022), un chapitre portant sur les logements locatifs subventionnés et l’itinérance en Alberta. Édité par Trevor Harrison et Ric Acuna, le livre Anger and Angst : Jason Kenney’s Legacy and Alberta’s Right est paru le mois dernier chez Black Rose Books. Vous pouvez vous procurer une copie ici.
Voici cinq choses à savoir :
1. Au prorata de la population, l’Alberta a beaucoup moins de logements subventionnés que la moyenne canadienne. Son taux de logement social — c’est-à-dire le pourcentage de la réserve de logement albertaine que représente le logement social — est de seulement 2,9 %. Pour le Canada dans son ensemble, le taux est de 4,2 %. Autrement dit, l’Alberta a du rattrapage à faire!
2. Outre les aspects théâtraux de sa politique, le Parti conservateur uni (PCU) a été un partenaire adéquat du Gouvernement du Canada… au moins dans le dossier du logement. Le leadership fédéral en matière de logement et d’itinérance au Canada a vécu une sorte de renaissance en 2017 lorsque le Gouvernement du Canada a annoncé sa Stratégie nationale sur le logement. L’Alberta a signé une entente bilatérale en mars 2019, sécurisant les contributions maximales du gouvernement fédéral — afin de sécuriser ces fonds, la province a dû elle-même investir des sommes importantes.
3. En novembre 2021, le Gouvernement de l’Alberta a lancé un plan d’action sur le logement, s’étendant sur 10 ans. Entre autres, la stratégie cherche à : réduire le rôle du gouvernement provincial comme propriétaire de logements ; augmenter la disponibilité des logements à revenus mixtes ; créer plus d’unités de logement subventionnées ; et fournir davantage d’appui du côté de la demande (p. ex. des suppléments au loyer). Bien qu’ils soient des objectifs louables, la majorité des engagements énumérés dans la stratégie n’ont pas encore été financés — faisant de la stratégie une étoile du nord sans autorité financière suffisante.
4. En octobre 2022, le PCU a annoncé du nouveau financement pour l’itinérance à la hauteur de 63 $ millions sur deux ans. Ce nouveau financement aidera à équilibrer le financement reçu par Edmonton et Calgary — cette dernière recevait plus de financement au prorata de sa population. Ces argents aideront aussi à augmenter les espaces disponibles dans les logements d’urgence pendant l’hiver et à permettre à tous les centres subventionnés par la province d’offrir des services 24-7 (plusieurs logements d’urgence exigeaient que ses résident∙es quittent les lieux pendant le jour).
5. Le PCU a fait de la réduction des méfaits une pomme de discorde. La réduction des méfaits est une approche qui met l’accent sur la réduction des dangers posés par la consommation de drogues licites autant qu’illicites sans exiger l’abstention totale. Des méthodes préconisées par cette approche incluent la distribution de seringues stériles et des trousses d’inhalation sûre, en plus de services de consommation supervisés. Quoique ce n’est pas un point central de ce chapitre, la majorité des initiatives de réduction des méfaits ciblent les gens vivant en situation d’itinérance. Le PCU a réduit l’accès aux services de réduction des méfaits, décision qui a probablement mené à des problèmes de santé et des décès prématurés chez des personnes vulnérables.
En conclusion. Sous le premier ministre Jason Kenney, le PCU a lancé une stratégie de logement louable, bien qu’on n’y ait pas attribué le financement nécessaire. Cela étant dit, cette stratégie nomme des engagements importants en ce qui a trait à l’itinérance. Entre-temps, il a fait de la réduction des méfaits une question pointue, renversant de façon importante le progrès qui avait été fait en Alberta.
J’aimerais remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur appui avec ce billet.