Que réserve l’avenir pour la planification communautaire de la lutte contre l’itinérance en Alberta ?
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Le 9 avril, j’ai tenu un discours d’ouverture à l’occasion du Earth and Athmospheric Sciences Research Symposium de l’Université de l’Alberta (vous pouvez consulter mes diapositives ici, en version anglaise seulement). Mes propos étaient axés sur la planification communautaire de la lutte contre l’itinérance en Alberta, notamment à la lumière d’une décision de financement prise par le gouvernement de l’UCP en décembre 2024.
Voici 10 choses à retenir :
1. Depuis bien plus d’une décennie, les sept plus grandes villes de l’Alberta ont utilisé des fonds fédéraux et provinciaux pour lutter contre l’itinérance. Aujourd’hui, le financement fédéral porte le nom de Vers un chez-soi, et le financement provincial provient d’un programme intitulé Outreach and Support Services Initiatives (OSSI).
2. Le financement Vers un chez-soi et le financement OSSI de ces sept municipalités sont «acheminés » par l’entremise de grandes entités. L’entité de Calgary est la Calgary Homeless Foundation. L’entité d’Edmonton est Homeward Trust Edmonton. Ces entités sont appelées des organismes communautaires (Community-Based Organizations (CBOs)).
3. La majeure partie des fonds sont éventuellement attribués à de plus petits organismes sans but lucratif qui desservent directement les personnes en situation d’itinérance. Toutefois, jusqu’à récemment, chaque organisme communautaire avait une grande influence sur la façon dont les fonds étaient distribués et où ils étaient alloués.
4. Partout en Alberta, les dépenses de l’OSSI ont surtout été axées sur l’apport de fonds de fonctionnement pour loger les personnes qui ont vécu l’itinérance. Jusque tout récemment, le gouvernement de l’Alberta a été très flexible quand à la façon dont les organismes communautaires utilisaient le financement selon ces paramètres généraux.
5. Chaque organisme communautaire prenait également une part de ces fonds pour financer leur fonctionnement, agissant d’agence de base pour le recueil des données, l’analyse et le triage. En effet, les organismes communautaires procurent des services importants à leur communauté locale.
6. L’approche de l’Alberta concernant le financement communautaire de la lutte contre l’itinérance est souvent perçue comme un modèle pour le reste du Canada. Dans un livre publié par UBC Press, Carey Doberstein a évoqué comme il est important que les responsables locaux du secteur de l’itinérance soient à l’écoute de ce qui se passe sur le terrain (plutôt que de simplement avoir des fonctionnaires dans des bureaux qui étudient les tendances statistiques). Son analyse porte également sur les prises de décision généralement lentes au niveau provincial (quelle que soit la province). En revanche, il a fait remarquer que les organismes communautaires de l’Alberta pourraient prendre des décisions plus rapidement et avec moins d’aversion pour le risque politique.
7. En décembre 2024, le gouvernement de l’Alberta a fait une déclaration importante au sujet du financement de l’OSSI. Il a annoncé que ce financement serait dorénavant octroyé directement aux prestataires de services par la province. Le ministre a déclaré que cela augmenterait la responsabilité et le contrôle. Il a également indiqué que cela créerait «des efficacités administratives importantes ». Il a suggéré qu’il était judicieux d’éliminer « l’intermédiaire ».
8. Un des facteurs qui a sans doute conduit à cette décision est le fait que le gouvernement de l’UCP souhaitait exercer un contrôle plus direct sur les décisions de financement. D’un côté, cela concerne les types de programmes qui reçoivent des fonds (p. ex., il se peut qu’il y ait moins de fonds pour la réduction des méfaits), et de l’autre, cela est également relié aux montants de financement reçus par des agences sans but lucratif spécifiques (p. ex., les organismes qui appuient des approches basées sur l’abstinence en matière de consommation d’alcool et d’autres drogues obtiendront peut-être davantage de fonds.)
9. Un autre facteur qui a influencé cette décision est peut-être le fait que le gouvernement de l’UCP désire avoir un contrôle plus direct sur le récit. Par exemple, il se peut qu’il y ait dorénavant moins de voix sur les médias (y compris les médias sociaux). De plus, il est possible que les voix restantes soient plus respectueuses envers le gouvernement provincial.
10. Cette situation pourrait se transformer en un cas classique de «faites attention à ce que vous souhaitez ». Désormais, l’itinérance sera de plus en plus considérée comme une responsabilité provinciale. Ce qui signifie que les députés de l’opposition, les maires, les conseillers municipaux et les défenseurs pourraient avoir une cible plus claire pour leurs actions de plaidoyer.
En résumé. Le gouvernement de l’Alberta tente de tracer un nouveau chemin en ce qui concerne la planification communautaire de la lutte contre l’itinérance. Cela lui conférera un contrôle plus direct sur les décisions de financement ainsi que sur le récit. Ceci dit, la province assumera dorénavant une plus grande part de la responsabilité.
Je tiens à remercier Jenny Morrow et Annick Torfs pour leur aide dans la préparation de ce billet de blogue.