Une introduction au logement supervisé et le Logement d’abord

Une introduction au logement supervisé et le Logement d’abord

Une introduction au logement supervisé et le Logement d’abord

An English-language version of this blog post is available here.

Le 3 février 2021, j’étais conférencier dans le séminaire d’études supérieures de Greg Suttor au département de géographie et de planification de l’université de Toronto (un grand honneur puisque Greg est un de mes mentors depuis longtemps). Ma présentation portait sur les liens entre les univers du logement et du sans-abrisme au Canada (et plus particulièrement à Toronto).

La présentation entière et détaillée est disponible (en anglais) ici.

Voici 10 choses à savoir à ce sujet :

1. Au Canada, la plupart des gens qui réfléchissent à la question s’entendent pour dire que le logement subventionné est essentiel afin de le prévenir et de répondre au sans-abrisme. Toutefois, il existe des débats importants : la quantité additionnelle de logements abordables requis; à qui devraient servir le nombre limité de logements; quels sont les meilleurs modèles de logements subventionnés; et à quel degré chaque logement devrait-il être subventionné?

2. Les élus ne s’entendent pas sur la répartition des couts des subventions. À l’heure actuelle, le consensus est que le gouvernement fédéral canadien devrait s’acquitter des frais de développement (par exemple, le capital), mais on ne s’entend pas à savoir qui devrait financer les frais d’exploitation conséquents. Les paliers de gouvernements jouent en quelque sorte à voir qui cèdera en premier, ce qui limite la quantité de nouveaux logements abordables créés chaque année.

3. En Ontario, lorsque le sans-abrisme est survenu comme défi de politique publique dans les années 80, les personnes itinérantes sont devenues un point focal majeur de la politique sur le logement. Une approche de l’époque consistait à reloger les itinérants dans des logements abordables et leur offrir de l’assistance sociale. Aujourd’hui, cette approche s’appelle le logement supervisé (et de nos jours, Logement d’abord en est presque un synonyme). La plupart des résidents qui ont recours au logement supervisé au Canada sont des adultes célibataires n’ayant personne à charge et qui ont de sérieux défis de santé mentale. 

4. Ce changement de cap n’est pas survenu dans un vacuum politique – assurément, le militantisme politique a joué un rôle central à son avènement. À Toronto, cela a compris la création du Singles Displaced Persons Project (ou « le projet des personnes célibataires déplacées »), du mouvement des « survivants/consommateurs » qui avait pour slogan « homes not hostels » (ou « un domicile, pas du dépannage ») ainsi que la mise sur pied d’organismes tels Houselink Community Homes, et Homes First Society.

5. Le genre d’appui social offert conjointement avec le logement supervisé fait l’objet de débat. Lorsque j’offrais de tels appuis en travaillant à Toronto, j’aidais les locataires à tenir compte de leurs rendez-vous (par exemple chez le médecin, avec de travailleurs sociaux pour le revenu, ou pour des comparutions en cour). Je les ai souvent accompagnés à leurs rendez-vous. Je les ai défendus s’ils étaient menacés d’éviction et les ai aidés à déménager lorsque cela était nécessaire. Il m’est souvent arrivé de les inviter à prendre un café également.

6. Le logement supervisé permanent adapté au milieu facilite l’organisation d’activités sociales en groupe. On parle ici d’un édifice entier où l’ensemble des locataires ont recours au logement supervisé (plutôt qu’une simple proportion de ses locataires). Ce genre de logement supervisé comprend habituellement du personnel d’appui sur place et dans certains cas, le personnel demeure sur place en tout temps. Le logement supervisé permanent adapté au milieu peut offrir un important appui avec la gestion d’invités et facilite la mise sur pied de programmes alimentaires, d’exercice physique, et de cours d’art.

7. Au Canada, le concept de Logement d’abord – qui est presque synonyme du logement supervisé – a commencé à être accepté au début des années 2000. La Ville de Toronto a beaucoup misé sur le concept à partir de 2005, et la Calgary Homeless Foundation s’y est intéressée également; les militants et les intervenants du domaine s’en servent maintenant à travers le Canada. La stratégie du Logement d’abord permet d’éliminer la condition exigeant qu’un locataire potentiel soit « prêt » à être logé pour l’être.

8. L’idéologie entourant le Logement d’abord ne se situe ni à droite ni à gauche de l’échiquier politique. Elle sert plutôt de “troisième approche” stratégique grâce à laquelle elle trouve des adeptes parmi les entrepreneurs chefs de fil, les élus de toute allégeance politique, et toute une gamme de militants. Cela s’explique en partie par le fait que le Logement d’abord promeut habituellement une redistribution des ressources existantes. Ça s’explique aussi par le fait que les adeptes du Logement d’abord favorisent l’usage de logements privés à but lucratif plutôt que des logements appartenu par des organismes à but non lucratif.

9. Le mérite de l’approche Logement d’abord a été démontré davantage par l’étude canadienne At Home/Chez soi. Dans cette étude randomisée et contrôlée, des participants de cinq villes avec des besoins modérés ont reçu une forme de Logement d’abord incluant une intervention de type Soutien d’intensité variable, tandis que les participants avec des besoins élevés ont reçu une forme de Logement d’abord incluant une intervention de type Suivi intensif. Les participants ont été interviewés tous les trois mois pendant deux ans. Les résultats étaient concluants et moins dispendieux.

10. La Stratégie nationale sur le logement, dévoilée en 2017, ne contient aucune provision spécifique pour le logement supervisé, et ne mentionne pas le Logement d’abord. Pourtant, dans le discours du Trône de septembre 2020, le gouvernement canadien s’engageait à « complètement éliminer le sans-abrisme chronique ». De plus, seulement 5% du nouvel argent a été mis de côté pour réduire le sans-abrisme chronique.

En conclusion, la bonne nouvelle c’est que la plupart des leadeurs du Canada croient que le logement supervisé est une bonne façon de prévenir et de répondre au sans-abrisme. Leur usage du langage de Logement d’abord en témoigne. La mauvaise nouvelle, c’est que la plupart des élus hésitent à engager les fonds nécessaires pour réduire le sans-abrisme – par exemple, la Stratégie nationale sur le logement semble insuffisamment financée pour atteindre l’objectif du gouvernement canadien de mettre fin au sans-abrisme chronique.

Je voudrais remercier Damian Collins, Stéphan Corriveau, John Ecker, Joshua Evans, George Fallis, Susan Falvo, Hayley Gislason, David Hulchanski, Michel Laforge, Steve Lurie, Geoffrey Nelson, Deborah Padgett, Angela Regnier, John Rook et Vincent St-Martin pour leur aide à la rédaction de ce billet.

Une introduction au logement supervisé et le Logement d’abord

A primer on supportive housing and Housing First

A primer on supportive housing and Housing First

La version française de ce billet se trouve ici.

On 3 February 2021, I gave a guest lecture in Greg Suttor‘s graduate seminar course at the University of Toronto’s Department of Geography and Planning (Greg is a long-time mentor of mine, so this was a huge honour). My presentation focused on how the worlds of housing and homelessness connect in Canada (and in Toronto especially).

My full slide deck, which contains considerable detail, can be found here.

Here are 10 things to know:

1. In Canada, most leading thinkers agree that subsidized housing is key to both preventing and responding to homelessness. However, there are important debates about: how much more subsidized housing is needed; who should be prioritized for the limited number of available units; which models of subsidized housing are best; and how much subsidy should be attached to each unit.

2. Elected officials do not agree on who should finance subsidized housing. Right now, there’s broad agreement that Canada’s federal government should provide assistance with up-front development costs (i.e., capital costs), but there’s considerable debate over who should finance the ongoing costs after the housing is developed (i.e., operating costs). This ongoing game of chicken, whereby one order of government waits for another one to cave, limits the amount of new affordable housing that gets created each year.

3. In Ontario, when homelessness emerged as a pressing public policy challenge in the 1980s, persons experiencing homelessness started to become a major focus of housing policy. An approach emerged at that time that focused on re-housing persons into subsidized housing and providing them with social work support. This approach became known as supportive housing (today, the term Housing First means almost the same thing). Most residents of supportive housing in Canada are single adults without dependants and are experiencing serious mental health challenges.

4. This didn’t happen in a political vacuum—indeed, political advocacy played a major role in bringing it about. In Toronto, this included the Singles Displaced Persons Project, the “consumer survivor” movement, the slogan “homes not hostels” and the founding of organizations such as Houselink Community Homes, and Homes First Society.

5. The type of social work support provided with supportive housing is the subject of much debate. When I provided such support while working in Toronto, I helped tenants keep track of appointments (e.g., doctors’ appointments, appointments with income support workers, and court appearances). I often accompanied tenants to the appointments. I advocated for them if they were ever being threatened with eviction and (when necessary) helped them relocate to new units. I frequently took them for coffee as well.

6. Place-based supportive housing makes it relatively easy to organize group social activities. Place-based supportive housing refers to a situation where an entire building is occupied by tenants in need of supportive housing (as opposed to just a small percentage of a building’s units being occupied by a specific population group). This type of supportive housing typically involves on-site staff support (with some models, there are staff on site at all times). Place-based supportive housing can offer important assistance with guest management and makes it relatively easy to have meal programs, as well as exercise and art classes.

7. In Canada, Housing First—which means something very similar to supportive housing—became an effective narrative beginning in the early 2000s. The City of Toronto pushed this hard beginning in 2005, and the Calgary Homeless Foundation picked it up quickly as well; advocates and practitioners across Canada now use the term extensively. The Housing First narrative places great emphasis on the importance of not requiring housing readiness on the part of the prospective tenant as a condition of obtaining housing.

8. Ideologically, advocacy in favour of Housing First isn’t exactly left or right; rather, it entails a ‘third way’ political advocacy strategy. Largely because of that ‘third way’ approach, it has found traction among business leaders, elected officials of all stripes and a broad cross-section of advocates. Part of this stems from the fact that Housing First advocates often promote a reallocation of existing resources. It also stems from the fact that Housing First proponents tend to favour the use of housing owned by for-profit landlords (whereas proponents of supportive housing have historically favoured non-profit ownership).

9. Housing First was further advanced by Canada’s At Home/Chez Soi study. This was a five-city randomized controlled study in which participants with moderate needs received Intensive Case Management, while those with higher levels of need received Assertive Community Treatment. Participants were interviewed every three months over two years. Results demonstrated successful outcomes and cost savings.

10. Canada’s National Housing Strategy, unveiled in 2017, contains no specific provisions for supportive housing and makes no mention of Housing First. Yet, the September 2020 Federal Throne Speech includes a commitment to “completely eliminate chronic homelessness.” Further, just 5% of new funding under the National Housing Strategy has been earmarked towards the goal of reducing chronic homelessness.

In sum. The good news is that most of Canada’s thought leaders believe that supportive housing—often articulated via Housing First language—is an important way to both prevent and respond to homelessness. The bad news is that most elected officials are reluctant to commit the necessary funding to substantially reduce homelessness—for example, the National Housing Strategy appears insufficiently resourced to meet the Government of Canada’s objective of ending chronic homelessness.

I wish to thank Damian Collins, Stéphan Corriveau, John Ecker, Joshua Evans, George Fallis, Susan Falvo, Hayley Gislason, David Hulchanski, Michel Laforge, Steve Lurie, Geoffrey Nelson, Deborah Padgett, Angela Regnier, John Rook and Vincent St-Martin for assistance with this blog post. I also wish to thank HomeSpace Society for permission to use the photo used in this post.

Les effets à long terme de la récession de la COVID-19 sur le sans-abrisme au Canada

Les effets à long terme de la récession de la COVID-19 sur le sans-abrisme au Canada

Les effets à long terme de la récession de la COVID-19 sur le sans-abrisme au Canada

An English-language version of this blog post is available here.

J’ai rédigé un rapport pour Emploi et Développement social Canada qui présente les impacts les plus probables de la récession actuelle sur le sans-abrisme. Le rapport complet est disponible (en  anglais) ici.

Voici 10 choses à savoir à ce sujet.

  1. La récession actuelle risque de contribuer au sans-abrisme au Canada, mais plusieurs facteurs influenceront son ampleur. Parmi ceux-ci : le ressentiment des effets de la récession pourrait prendre jusqu’à cinq ans; les nombreux inconnus à l’horizon (par exemple, de potentielles vagues subséquentes de la pandémie, le développement d’un vaccin, la nature de futures prestations); les variantes démographiques d’une communauté à l’autre (notamment en ce qui concerne le marché du travail et le marché immobilier).
  1. L’effet de décalage de cinq ans s’explique en partie par la lutte pour éviter de perdre leur logement. Lorsque les ménages affronteront une perte de revenu ou d’emploi, ils pourraient tenter de négocier des arriérés de loyer avec le propriétaire de leur domicile; ils pourraient aussi emprunter de l’argent à des amis ou à d’autres membres de leur famille. Ils pourraient tenter d’emménager avec des amis, de la famille, ou dans un logement plus abordable. Le système de bienêtre social canadien a également pour effet de retarder les effets de la récession. Par exemple, les prestations d’assurance emploi (et plus récemment la Prestation d’urgence canadienne) peuvent atténuer les effets d’une perte d’emploi, aidant ainsi les ménages à maintenir leurs logements. Même si elle est moins généreuse, l’assurance sociale peut également contribuer à retarder le sans-abrisme.
  1. L’effet de décalage donne aussi la chance aux paliers gouvernementaux supérieurs de prévoir des initiatives contre le sans-abrisme. Puisqu’il pourrait prendre encore quelques années pour que l’on perçoive la croissance du sans-abrisme dû à la récession actuelle, il y a suffisamment de temps pour concevoir, implanter et observer les retombées de nouvelles mesures préventives. Ces nouvelles mesures pourraient cibler des ménages qui risquent de perdre leur logement, ou qui sont nouvellement sans-abris.[1] 
  1. L’impact de la récession variera d’une communauté à l’autre à travers le pays. L’état des marchés immobiliers, des systèmes d’aide financière, et de la planification du sans-abrisme varie à travers le Canada. De plus, les trajets des sans-abris migrant à travers le pays seront difficiles à prévoir au cours des prochaines années. Conséquemment, il sera difficile de prévoir dans quelles communautés et à quel moment surviendra l’augmentation du sans-abrisme. Nous savons par contre que les personnes les plus affectées par la récession de la COVID-19 sont : les jeunes, les femmes, les personnes célibataires et les personnes sans diplôme d’études secondaires.
  1. Afin de tenir compte des nombreux facteurs en jeu, les fonctionnaires doivent surveiller une variété d’indicateurs. Le rapport recommande à EDSC de tenir compte des indicateurs suivants tout au long de la récession : le taux de chômage officiel, la proportion de Canadiens qui tombent sous la Mesure axée sur les conditions du marché (surtout ceux qui tombent sous le seuil de 75%)[2]; les taux d’aide sociale; le cout médian des loyers; le taux d’inoccupation des loyers; la proportion de ménages qui consacre plus de 50% de leur revenu sur l’habitation; les expulsions; et le taux d’occupation quotidien des refuges d’urgence.
  1. Il faudra faire preuve de nuances avec ces données. Autant que possible, il faudra surveiller l’évolution de ces indicateurs depuis le début de la pandémie, ainsi qu’à travers les différentes régions et groupes démographiques précis (par exemple les femmes, les jeunes, les Autochtones, etc.)
  1. Le rapport recommande au gouvernement fédéral d’améliorer l’Allocation canadienne pour le logement (ACL). Cette prestation offre une aide financière aux foyers à faible revenu afin de payer leur loyer. Il est prévu que la moitié de cet argent proviendra du gouvernement fédéral, et que l’autre moitié proviendra des gouvernements provinciaux et territoriaux. L’ACL devait être lancée le 1er avril 2020, cependant, il n’y a que cinq provinces qui ont signé l’entente. Le gouvernement fédéral pourrait augmenter son apport à l’ACL afin d’encourager le restant des provinces et territoires à en faire autant. Par exemple, le gouvernement fédéral pourrait offrir d’assurer les deux tiers ou les trois quarts des couts.
  1. Le rapport recommande également que le gouvernement fédéral fasse preuve de souplesse quant au recouvrement des montants excédentaires de la Prestation canadienne d’urgence (PUC) versés aux prestataires d’aide sociale. Il est nécessaire de souligner ce point vu la confusion considérable entourant le lancement de la PUC. Une telle approche pourrait comprendre un recouvrement partiel chez ces individus (par l’entremise du système d’impôts), et une amnistie totale devrait être considérée dans certains cas. 
  1. Le rapport recommande qu’EDSC mette sur pied une nouvelle source de financement pour le programme Vers un chez-soi (le véhicule principal par lequel le gouvernement fédéral lutte contre le sans-abrisme). Le rapport aborde la réussite d’effets préventifs aux États-Unis à la suite de la récession de 2008-2009, et encourage EDSC à mettre sur pied un programme semblable au Canada. Le programme pourrait mettre de l’avant une aide financière de courte-durée pour les ménages qui sont à risque de perdre leur logement, en train de le perdre, ou qui l’ont perdu récemment. Les cibles pourraient évoluer au fil du temps, à la lumière de changements survenant dans les indicateurs mentionnés précédemment (taux de chômage officiel, proportion des gens avec des revenus inférieurs à la Mesure axée sur les conditions du marché, etc.).
  1. Le rapport propose des changements politiques que pourraient entamer les gouvernements provinciaux et territoriaux. Ceux-ci comprennent une augmentation des prestations d’aide sociale, de rétablir l’admissibilité des gens disqualifiés de l’aide sociale à cause de la PUC, et encourager les refuges d’urgence à prioriser les solutions basées sur le logement.

En résumé, puisque nous sommes conscients que le sans-abrisme risque d’augmenter au Canada en raison de la récession, les paliers gouvernementaux supérieurs doivent limiter les dégâts. S’ils sont bien conçus, les efforts de prévention du sans-abrisme peuvent être plus économiques que des réponses d’urgences postérieures.

J’aimerais remercier Susan Falvo, Michel Laforge et Vincent St-Martin pour leur appui pendant la rédaction de ce billet.

[1] Il est également très important de continuer à adresser le sans-abrisme existant. J’ai écrit à ce sujet ici (billet en anglais).

[2] Pour d’autres informations par rapport à la Mesure axée sur les conditions du marché, lisez ce billet (en anglais).

Les effets à long terme de la récession de la COVID-19 sur le sans-abrisme au Canada

The long-term impact of the COVID-19 Recession on homelessness in Canada

The long-term impact of the COVID-19 Recession on homelessness in Canada

La version française de ce billet se trouve ici.

I’ve written a report for Employment and Social Development Canada (ESDC) that assesses the likely long-term impact of the current recession on homelessness. The link to the report is here.

Here are 10 things to know:

1. The current recession may contribute to rising homelessness across Canada, but that matter is complicated by several factors. Those factors include: a lag effect of up to five years from the time a recession starts until its impact fully plays out; the many unknowns that lie ahead (e.g., whether there will be future waves of the pandemic, when and if a vaccine is developed, what types of new social benefits are announced, etc.); and differences from one community to another (with respect to both the labour market and housing market, for example).

2. A recession’s lag effect stems in part from a strong desire of households to avoid absolute homelessness. When faced with reduced income or outright job loss, a household may try to arrange a rental arrears plan with their landlord; they may also borrow money from family and friends. They may try to move into cheaper housing as well, or move in with family or friends. The lag effect also stems from Canada’s elaborate social welfare system. For example, Employment Insurance (and more recently the Canada Emergency Response Benefit) can cushion the blow from job loss and help households hang on to their housing. Social assistance, while not as generous, can also delay homelessness onset.

3. This lag effect means there is time for senior orders of government to plan homelessness prevention initiatives. Since it could be a few years before we see rising homelessness in some communities as a result of the current recession, there is time for preventive measures to be designed, implemented and to take effect. Those measures could target households that are either at serious risk of becoming homeless or that have just become homeless.[1]

4. The recession’s impact on homelessness will vary from one community to another. Housing markets, income assistance systems and homelessness system planning frameworks vary across Canada. What is more, migration patterns over the next several years will be hard to predict. As a result, it is challenging to say which Canadian communities will see rising homelessness at what junctures in time. We do know that, thus far, the following types of workers in Canada have been most directly affected by the COVID-19 Recession: young people, women, nonmarried persons, and persons without high school accreditation.

5. In order to monitor the many complex factors involved here, policy-makers needs to track various indicators. The report recommends that ESDC track the following indicators as the recession unfolds: the official unemployment rate; the percentage of Canadians falling below the Market Basket Measure (and especially those falling below 75% of the Market Basket Measure);[2] social assistance benefit levels; median rent levels; the rental vacancy rate; the percentage of households with extreme shelter cost burdens; evictions; and average nightly occupancy in emergency shelters.

6. This tracking will require some nuance. As much as possible, such tracking should emphasize both how these indicators have changed since the start of the pandemic, and how this change varies across both geographical areas and specific populations (e.g., women, youth, Indigenous peoples, etc.).

7. The report recommends that the federal government enhance the Canada Housing Benefit (CHB). This benefit provides financial assistance to help low-income households afford rent. It is expected that half of this money will come from the federal government, and the other half from provinces and territories. The CHB was supposed to launch nationally on 1 April 2020; however, just five provinces have formally agreed to terms regarding the CHB. The federal government could increase the value of this benefit, which could encourage other provinces and territories to sign on. For example, the federal government might offer 2/3 or 3/4 cost-sharing.

8. The report also recommends that the federal government take a soft approach to recovering CERB overpayments from social assistance recipients. This is important in light of the considerable confusion that existed as the CERB was being rolled out. Such an approach might include not trying to fully recover the value of the CERB from these individuals (via the tax system). Even complete amnesty should be considered in some cases.

9. The report recommends that ESDC introduce a new funding stream for Reaching Home (i.e., the federal government’s main funding vehicle for homelessness). The report discusses the successful implementation of prevention efforts in the United States following the 2008-2009 Recession, and encourages ESDC to introduce something similar for Canada. A new prevention stream could focus on time-limited financial assistance directed at households who are either still housed (but at risk of becoming homeless), are in the process of losing their housing, or who have just begun to experience absolute homelessness. Targeting can evolve over time, in light of changes seen in the aforementioned indicators (e.g., the official unemployment rate, the percentage of persons with incomes below the Market Basket Measure, etc.).

10. The report identifies policy changes that could be made by provincial and territorial governments. These include increases to social assistance benefit levels, the reinstatement of social assistance eligibility for recipients who became ineligible due to the CERB, and the encouragement of housing-focused practices at emergency shelters.

In sum. Since we know there is serious risk for more homelessness in Canada as a result of the current recession, senior orders of government need to limit the damage. Well-designed prevention efforts can be more cost-effective than emergency responses after the fact.

I wish to thank Susan Falvo and Vincent St-Martin for assistance with this blog post.

[1] It is also very important to continue addressing existing homelessness. I’ve written about that here.

[2] For more on the Market Basket Measure, see this blog post.

L’isolement, la distanciation physique, et les prochaines étapes concernant le sans-abrisme : Un survol de 12 villes canadiennes

L’isolement, la distanciation physique, et les prochaines étapes concernant le sans-abrisme : Un survol de 12 villes canadiennes

L’isolement, la distanciation physique, et les prochaines étapes concernant le sans-abrisme : Un survol de 12 villes canadiennes

An English-language version of this blog post is available here.

Pendant la pandémie de la Covid-19, les fonctionnaires des grandes villes canadiennes ont travaillé de pair avec les responsables de la santé et d’autres secteurs afin d’augmenter la distanciation physique chez la population itinérante. Dans un récent rapport (disponible en anglais ici), j’offre un survol de ce à quoi ressemble la situation à Toronto, Montréal, Vancouver, Calgary, Edmonton, Ottawa, Winnipeg, Québec, Hamilton, Régina, Saskatoon et Saint-Jean.

Voici 10 points saillants issus du rapport.

  1. Le rapport a été commandé par la Calgary Homeless Foundation (CHF). En tant que planificateur du système d’aide aux itinérants, la CHF souhaitait faire un survol des actions prises par les autorités responsables en sans-abrisme dans d’autres villes pendant cette période sans précédent. Initialement, le rapport était destiné à un usage interne, mais la CHF a décidé de le rendre public afin que les intervenants en sans-abrisme, des chercheurs, et des militants d’ailleurs puissent mieux comprendre le portrait national.
  1. Les autorités responsables en sans-abrisme au Canada ont augmenté la distanciation physique grâce à de nombreuses mesures. Ils ont augmenté les mesures de distanciation physique dans les refuges existants, mis sur pied de nouvelles installations et créé des espaces prévus pour l’isolement et la quarantaine. Toronto et Vancouver se démarquent à cet égard puisque les deux villes ont garanti un nombre important de chambres d’hôtel pour qu’elles servent à ces fins.
  1. Les intervenants en sans-abrisme dans la plupart des grandes villes canadiennes ont continué à déplacer les gens des abris d’urgence vers des logements permanents. Ils ont également innové. Par exemple, plusieurs villes ont développé de nouveaux modèles pour déplacer les personnes itinérantes vers des logements permanents. Le rapport offre des explications détaillées à cet égard.
  1. Les réseaux de coopération entre les organismes se sont améliorés pendant la crise; cela est particulièrement vrai des intervenants en santé. Dans plusieurs cas, il existait la perception que les responsables locaux en santé étaient peu engagés à adresser le sans-abrisme, mais qu’ils ont amélioré leur approche pendant la pandémie. Il est espéré que ces formes de collaboration se maintiennent.
  1. Plusieurs autorités responsables dans le secteur du sans-abrisme ont exprimé leur frustration par rapport au manque de collaboration du secteur correctionnel. Le rapport souligne que les intervenants du secteur correctionnel libèrent les détenus sans prévoir leur hébergement, et sans faire appel aux intervenants en sans-abrisme afin de coordonner une transition vers un refuge d’urgence (il faut toutefois noter que Québec est une exception importante à cet égard).
  1. À travers le Canada, un nombre surprenant d’espaces prévus pour les itinérants demeurent ouverts (ou sont en cours de relocalisation). En d’autres mots, les nouvelles mesures de distanciation physique mises en place semblent durer plus longtemps que prévu. Ce « nouveau normal » variera cependant d’une ville à l’autre. Par exemple, la plupart des refuges à Calgary et Edmonton ne s’attendent pas à pouvoir se conformer à l’exigence de deux mètres.
  1. Il reste encore des défis dans le secteur. Bien que cela varie à travers le Canada, les défis suivants perdurent dans tout le secteur : le recours au sommeil extérieur; les salles de toilettes partagées ainsi que d’autres espaces partagées (sans compter les couts additionnels liés au nettoyage de ces espaces partagés); et le nouveau sans-abrisme engendré par le ralentissement économique[1].
  1. Le gouvernement fédéral canadien a annoncé d’importantes sommes de nouveaux financements depuis le début de la pandémie. Le gouvernement canadien a annoncé 157,5 millions de dollars en financement ponctuel pour Vers un chez-soi en mars 2020 (Vers un chez-soi est le véhicule de financement principal utilisé par le gouvernement fédéral pour lutter contre le sans-abrisme). De plus, en septembre 2020, le gouvernement canadien a annoncé 236,7 millions de plus pour Vers un chez-soi, ainsi qu’un milliard de dollars pour des logements modulaires, l’acquisition de terrain, et la transformation d’édifices existants en logement abordable.
  1. Toutefois, ces mesures de financement demeurent temporaires. Depuis le début de la pandémie, il n’y a eu aucune amélioration permanente au financement des initiatives luttant contre le sans-abrisme. Une telle amélioration pourrait : appuyer les intervenants locaux à maintenir la distanciation physique améliorée; appuyer la transition de plus de gens à partir des refuges d’urgence et des campements extérieurs vers des logements permanents; aider à payer les couts supplémentaires liés au nettoyage et au personnel liés au « nouveau normal » mentionné ci-dessus.
  1. Le rapport recommande le renforcement de l’Allocation canadienne pour le logement (ACL). Récemment lancée, l’ACL est essentielle à la Stratégie nationale sur le logement et offre une aide financière aux ménages à faible revenu pour leur permettre de payer leur loyer. Il est attendu que la moitié de cet argent proviendra du gouvernement fédéral et l’autre, des gouvernements provinciaux et territoriaux. L’ACL devait être lancée le 1er avril 2020; toutefois, seulement cinq provinces ont signé l’entente. Le gouvernement fédéral pourrait augmenter son apport à l’ACL afin d’encourager le restant des provinces et territoires à en faire autant. Par exemple, le gouvernement fédéral pourrait offrir d’assurer les deux tiers ou les trois quarts des couts.

En conclusion : Les autorités responsables en sans-abrisme à travers le Canada ont travaillé ardemment afin d’améliorer la distanciation physique pendant la pandémie. L’augmentation permanente du financement fédéral aiderait à maintenir le « nouveau normal » tout en trouvant des solutions permanentes de logement abordable pour les personnes itinérantes.

J’aimerais remercier Susan Falvo, Michel Laforge et Vincent St-Martin pour leur appui pendant la rédaction de ce billet.

 

[1] J’ai récemment écrit un autre rapport sur le sans-abrisme engendré par le ralentissement économique. Ce rapport, commandé par Emploi et Développement social Canada, est paru en décembre 2020 et est disponible ici.

 

L’isolement, la distanciation physique, et les prochaines étapes concernant le sans-abrisme : Un survol de 12 villes canadiennes

Isolation, Physical Distancing and Next Steps Regarding Homelessness: A Scan of 12 Canadian Cities

Isolation, Physical Distancing and Next Steps Regarding Homelessness: A Scan of 12 Canadian Cities

La version française de ce billet se trouve ici.

During the COVID-19 pandemic, officials in Canada’s major cities have partnered with health officials and others to create more physical distancing for persons experiencing homelessness. In a recent report (available here) I provide an overview of what this has looked like in the following cities: Toronto; Montreal; Vancouver; Calgary; Edmonton; Ottawa; Winnipeg; Quebec City; Hamilton; Regina; Saskatoon; and St. John’s.

Here are 10 things to know.

1. The report was commissioned by the Calgary Homeless Foundation (CHF).
As the System Planner for Calgary’s Homeless-Serving System of Care, CHF was interested in scanning what homelessness officials in other cities were doing during this unprecedented time. While the report was initially intended for internal use, CHF decided to release it publicly so that homelessness officials, researchers and advocates in other cities could learn more about the national picture.

2. Homelessness officials in Canada’s major cities have created more physical distancing through a variety of measures.
They have created more physical distancing at existing shelters, opened new facilities, and created space for both isolation and quarantine. Toronto and Vancouver are noteworthy in that both cities have secured large numbers of hotel rooms.

3. Officials in most of Canada’s large cities have continued to move persons directly from emergency shelters into permanent housing.
They have also developed innovations. For example, several cities have developed new models of moving people from homelessness into permanent housing. The report discusses these in detail.

4. Networks of cooperation have generally improved during this crisis; this is especially true with health officials.
In several cases, local health officials were perceived to have not been very engaged in homelessness prior to the pandemic, but improved their approach during the pandemic. It is hoped that these improved forms of collaboration will continue.

5. Many homelessness officials have expressed frustration with the lack of cooperation from the corrections sector.
The report finds officials in correctional facilities commonly discharge inmates without housing plans and without reaching out to homelessness officials to coordinate a transition into emergency shelter (however, Quebec City is an important exception here).

6. Across Canada, a surprisingly large number of newly-created spaces for persons experiencing homelessness are staying open (or re-locating).
Put differently, the new physical distancing arrangements put in place during the pandemic appear to be having a remarkable amount of staying power. The state of this ‘new normal’ will vary by city, however. For example, most emergency shelters in Calgary and Edmonton do not expect to be able to comply with a two-metre requirement.

7. Challenges remain in the sector.
While the current situation varies across Canada, the following challenges remain in the sector as a whole: outdoor sleeping; shared bathrooms and other common areas (as well as the additional costs of cleaning associated with these shared spaces); and new homelessness created by the economic downturn.[1]

8. Canada’s federal government has made important new funding announcements since the start of the pandemic.
The Government of Canada announced $157.5 million in one-time funding for Reaching Home in March 2020 (Reaching Home is the federal government’s main funding vehicle for homelessness). Further, in September 2020, the Government of Canada announced an additional $236.7 million for Reaching Home, along with $1 billion for modular housing, the acquisition of land, and the conversion of existing buildings into affordable housing.

9. However, all of these funding enhancements are temporary.
There has been no enhancement to permanent federal homelessness funding announced since the start of the pandemic. An enhancement to permanent funding could: support local officials in maintaining the improved physical distancing; assist in transitioning more people from both emergency shelters and outdoor encampments into permanent housing; and help pay for increased cleaning costs and staffing needs associated with the ‘new normal’ discussed above.

10. The report recommends the enhancement of the Canada Housing Benefit (CHB).
Central to the National Housing Strategy is the recent launch of the CHB, providing financial assistance to help low-income households afford their rent. It is expected that half of this money will come from the federal government, and the other half from provinces and territories. The CHB was supposed to launch nationally on 1 April 2020; however, just five provinces have formally agreed to terms on the new benefit. The federal government could increase the value of this benefit, which could encourage provinces and territories to sign on. For example, the federal government might offer 2/3 or 3/4 cost-sharing.

In sum: Homelessness officials across Canada have worked hard to improve physical distancing during the pandemic. Permanent increases in federal funding would help them both maintain this ‘new normal’ and find more permanent, affordable housing for persons experiencing homelessness.

[1] I have recently written another report about new homelessness created by the downturn. That report, commissioned by Employment and Social Development Canada, will be released in December 2020.

I wish to thank Susan Falvo and Vincent St-Martin for assistance with this blog post.