Dix choses à savoir sur l’itinérance à New York

Dix choses à savoir sur l’itinérance à New York

Dix choses à savoir sur l’itinérance à New York

An English version of this blog post is available here.

J’ai récemment participé à l’organisation d’un voyage d’études sur le sans-abrisme à New York, en partenariat avec le Chartered Institute of Housing Canada (CIH Canada.) Notre groupe était composé de 30 Canadien∙nes issu∙es du secteur à but non lucratif, du gouvernement, des forces de l’ordre et du monde universitaire. Nous avons visité six sites sur une période de trois jours.

Voici 10 choses à savoir :

1. La ville de New York compte une population massive de sans-abris. Plus de 75 000 personnes, dont plus de 20 000 enfants, dorment chaque nuit dans les principaux abris municipaux de la ville. Bien que problématique, la taille même de sa population de gens vivant en situation d’itinérance fait de New York un lieu important pour l’apprentissage des réponses politiques et programmatiques.

2. Les droits légaux ne produisent pas toujours les résultats attendus. Les New Yorkais∙es ont un « droit à l’hébergement » qui leur a été accordé en 1981 par un décret de consentement — essentiellement un règlement à l’amiable — de la Cour suprême de l’État de New York. En vertu de ce décret, la ville a l’obligation légale de placer les personnes non logées dans des abris dans les 24 heures, faute de quoi elle peut se voir infliger une amende. L’une des critiques formulées à l’égard de ce droit est qu’il incite à créer davantage de places dans les centres d’hébergement, possiblement au détriment du logement permanent.

3. Certaines personnes sans domicile bénéficient de refuges à faibles barrières. L’un de ces modèles, à New York, est celui des Safe Havens, conçus pour les personnes qui ont connu une longue durée en situation d’itinérance et qui peuvent être réfractaires aux centres d’hébergement traditionnels. Les Safe Havens n’imposent généralement pas de conditions de sobriété ni de couvre-feu. Les ordonnances d’interdiction sont rares et une personne peut s’absenter plusieurs nuits sans perdre son lit.

4. D’autres peuvent être prêt∙es pour des approches plus programmatiques. Le Bergen County Housing Center cherche à loger les personnes dans les 90 jours suivant leur entrée dans son établissement. Toute personne souhaitant y rester doit être prête à travailler sans relâche à la recherche d’un logement. Selon le directeur du centre de logement : « Lorsqu’une personne reçoit une offre de logement, nous exerçons une forte pression sur elle pour qu’elle l’accepte. »

5. Même dans les centres d’urgence, il est possible de créer une certaine intimité pour les résident∙es. Au Westchester Avenue Safe Haven, géré par BronxWorks, personne n’est obligé de partager une chambre et chaque résident∙e a sa propre salle de bain et sa propre télévision. Cela dit, les résident∙es n’ont pas la clé de leur chambre et les murs qui l’entourent n’atteignent pas toujours le plafond (ce qui les fait ressembler à des espaces de bureau.)

6. La mixité des locataires est importante. Community Access est un organisme à but non lucratif qui possède et gère un immeuble à 215 logements supervisés dont les locataires comprennent des familles avec enfants, ainsi que des adultes célibataires connaissant de graves défis de santé mentale. La plupart des locataires peuvent rester dans leur logement indéfiniment (iels ne sont pas obligés de passer à d’autres formes de logement). Tous les logements gérés par Community Access sont « intégrés, » ce qui signifie que certains locataires ont de graves problèmes de santé mentale et d’autres non. Cette approche est largement imposée par les réglementations municipales et étatiques.

7. Les bibliothèques publiques peuvent jouer un rôle important dans le secteur de la prise en charge des sans-abris. La bibliothèque publique de Brooklyn travaille en partenariat avec 13 refuges familiaux. Elle leur apporte des livres, donne aux enfants leur première carte de bibliothèque et les encourage à visiter leur bibliothèque locale. Cela encourage les parents à emmener leurs enfants à la bibliothèque et peut favoriser l’alphabétisation des parents et des enfants.

8. L’engagement auprès de la police. Le Center for Urban Community Services (CUCS) organise des formations de quatre jours pour tous les agent∙es de la New York City Police Department (NYPD) dans le cadre d’une initiative nationale appelée Crisis Intervention Training (Formation à l’intervention en cas de crise.) Cette formation fait appel à des comédien∙nes professionnel∙les dans un centre de formation ayant des reproductions de wagons de métro. Au cours de la formation, des personnes ayant vécu des problèmes de santé mentale, ainsi que des représentant∙es des forces de l’ordre, racontent leur histoire. Le CUCS et la NYPD ont élaboré conjointement le programme de formation.

9. L’engagement avec le secteur pénitentiaire est important. Les responsables du Bergen County Housing Center donnent la priorité à la population carcérale. Leur personnel se rend à la prison du comté de Bergen — un établissement de 1 000 détenus situé juste en face — et amène les personnes directement au centre d’hébergement à leur sortie de prison. Cette approche nécessite une collaboration avec le personnel de la prison dès le début pour identifier les détenus qui n’ont pas de logement permanent.

10. Les programmes sont importants, mais l’aide au revenu l’est tout autant. Nous avons pris connaissance d’un programme pilote pour les jeunes sans-abri appelé Trust Youth Initiative, une étude contrôlée randomisée dans trois villes où 1 200 dollars par mois sont fournis aux membres d’un groupe de traitement pendant 2,5 ans (les membres d’un groupe de contrôle reçoivent les services habituels, mais pas les 1 200 dollars par mois en argent comptant.) Les partenaires du projet sont Point Source Youth et le Ali Forney Center. La recherche est dirigée par Chapin Hall de l’Université de Chicago.

En conclusion. Ce billet de blogue donne un aperçu d’un voyage d’étude de trois jours sur l’itinérance qui était un partenariat entre le Chartered Institute of Housing Canada et Nick Falvo Consulting. Un résumé plus détaillé du voyage d’études est disponible ici (en anglais seulement). Nous espérons en faire un événement annuel, notre prochain voyage d’études devant avoir lieu à Londres (Angleterre) en mai 2024.

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur aide avec ce billet de blogue. 

Health and homelessness

Health and homelessness

Health and homelessness

La version française de ce billet se trouve ici.

I’m writing an open access e-book on homelessness and have just released Chapter 5 titled “Health and health conditions.” The PDF version of the full chapter is available here.

Here are 10 things to know:

1. Persons experiencing homelessness face more health challenges than do members of the general population. Physically, this includes high rates of hepatitis C, epilepsy, heart disease, cancer, asthma, arthritis/rheumatism, and diabetes. Mentally, it includes high rates of anxiety, depression, bipolar disorder, schizophrenia and substance use disorders.

2. Many people experiencing homelessness do not have a primary care provider. This may stem from numerous factors, including: service payment mechanisms that do not make providing care to complex patients lucrative, ‘cherry picking’ by some physicians to avoid caring for people who are experiencing homelessness, not having a telephone, a lack of health insurance, a lack of low-barrier clinic options (e.g., drop in hours) and frequent moves.

3. Persons experiencing homelessness often seek health care in Emergency Departments. It is also well-established that, largely due to health vulnerabilities, persons experiencing homelessness die much sooner than the rest of the population.

4. Trauma contributes to poor health outcomes. This includes trauma experienced early in life, as well as ongoing physical and sexual assault during homelessness. A Canadian study has confirmed that persons experiencing long-term homelessness suffered child trauma at a rate five times higher than the general population. Such trauma includes neglect, parents with substance use challenges, domestic violence and abuse.

5. Living without adequate shelter exposes people to both extreme weather and precipitation. Exposure to cold weather can cause frostbite and hypothermia. Exposure to hot weather can lead to heat exhaustion, heat stroke, dehydration and skin cancer. Precipitation can lead to fungal infections and other skin problems. Further, exposure to both extreme heat and extreme cold can be fatal.

6. Congregate living is also a factor. Most emergency facilities are overcrowded. In some cases, there is just one foot (i.e., 30 cm) separating persons. In other cases, vulnerable persons (including children) are in close proximity to strangers. Such overcrowding both increases infectious disease transmission and contributes to conflict among residents, all of which can negatively impact mental health. There is also often a lack of food, especially healthy food, at emergency facilities.

7. Persons experiencing homelessness are often discharged quickly from hospital with inadequate planning. Reasons for this include: pressure on hospital staff to promptly discharge patients; insufficient communication between hospital staff and community; and a lack of information sharing between hospital and community. Further, most communities lack the necessary infrastructure to support post-discharge recovery.

8. There is potential for improved hospital discharge. A Canadian study assessed the impact of on-site, predischarge housing-related assistance for psychiatric clients. With the treatment group, a manager with the local income assistance program fast-tracked social assistance funds for first and last month’s rent, while a housing worker was assigned almost immediately to the soon-to-be-discharged patient. The housing worker helped members of the treatment group call prospective landlords, and sometimes visit the housing unit with the prospective tenant. Income assistance staff were able to then provide the fast-tracked funds directly to landlords. “The housing [worker] would also assist in setting up payments to landlords if the client wished this, reviewing lease arrangements, and helping to arrange utility payments if needed.” The intervention significantly reduced the number of persons discharged into homelessness.

9. There are important harm reduction initiatives in the homeless-serving sector. Harm reduction often refers to reducing harm caused by the use of illicit substances without requiring total abstinence. Such approaches often target persons experiencing homelessness. Harm reduction approaches include the distribution of clean syringes, safe inhalation kits and supervised consumption services. This book chapter shines the light on several promising practices in this respect.

10. Some emergency facilities provide good health care. Nurses can provide wound care, medication administration, overdose responses and other health-related assessments. Physicians make regular visits to some emergency facilities in order to build trust and rapport with residents, provide episodic care for acute health conditions as well as longitudinal care for chronic conditions, and to facilitate the connection of patients to primary care or specialist care at traditional health care settings.

In sum. This is a summary of Chapter 5 of a sole-authored, open access interdisciplinary textbook intended to provide an introduction to homelessness for students, service providers, researchers, policy-makers and advocates. All material for this book is available free of charge here. Newly-completed chapters will be uploaded throughout the year.

I wish to thank Sylvia Regnier and Alex Tétreault for assistance with this blog post.

 

Health and homelessness

La santé et l’itinérance

La santé et l’itinérance

An English version of this blog post is available here.

J’écris un livre numérique à libre accès portant sur l’itinérance et je viens de lancer le cinquième chapitre, intitulé « La santé et les conditions sanitaires ». La version PDF du chapitre intégral est disponible ici (en anglais seulement).

Voici dix choses à savoir :

1. Les personnes vivant en situation d’itinérance sont plus susceptibles à faire face à des défis sanitaires que la population générale. Physiquement, ceci inclut des taux élevés d’hépatite C, d’épilepsie, de maladie du cœur, de cancer, d’arthrite et de rhumatismes, d’asthme et de diabète. Psychologiquement, on parle de fréquence élevée d’anxiété, de dépression, de maladie bipolaire, de schizophrénie et de troubles de consommation de substances.

2. Plusieurs personnes vivant en situation d’itinérance n’ont pas de fournisseur de soins primaires. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette réalité, y compris : des mécanismes de paiement qui font en sorte que le traitement de cas complexes ne soit pas rentable ; du picorage (« cherry-picking ») de la part de certains fournisseurs afin d’éviter de fournir des services aux personnes vivant en itinérance ; ne pas posséder de téléphone ; un manque d’assurance maladie ; l’absence d’options cliniques à faibles barrières (p. ex. des heures d’accueil accessibles) ; et des déménagements fréquents.

3. Des personnes vivant en situation d’itinérance cherchent souvent des traitements dans les services des urgences. En raison de leurs vulnérabilités au niveau de la santé, il est également vrai que les personnes vivant en itinérance meurent beaucoup plus tôt que la norme.

4. Les traumatismes contribuent aux problèmes de santé. Ceci inclut les traumatismes subis dans l’enfance, en plus d’agressions physiques et sexuelles subies régulièrement en itinérance. Une étude canadienne (lien en anglais) confirme que les gens vivant en situation d’itinérance à long terme ont souffert des traumatismes dans l’enfance à un taux cinq fois plus élevé que la population générale. On peut compter parmi de tels traumatismes la maltraitance, des parents avec des problèmes de consommation, la violence domestique et des sévices.

5. Vivre sans un abri adéquat expose des gens à de la précipitation et des conditions météorologiques extrêmes. Être exposé à un temps froid peut entraîner des engelures et l’hypothermie. Dans le cas de températures chaudes, on risque des coups de chaleur, l’épuisement, la déshydratation et le cancer de la peau. La précipitation peut mener à des infections fongiques et d’autres problèmes de peau. De plus, être exposé à des températures extrêmes, chaude ou froide, peut entraîner la mort.

6. L’habitation collective est également un facteur. La plupart des refuges d’urgence sont surpeuplés. Dans certains cas, il n’y a qu’un pied (30 centimètres) de séparation entre personnes. Dans d’autres cas, des personnes vulnérables (y compris des enfants) sont en proximité d’étrangers. Ce surpeuplement augmente la transmission de maladies contagieuses et contribue aux conflits entre résident∙es, tous les deux pouvant avoir des résultats négatifs sur la santé mentale. Il y a aussi souvent un manque de nourriture, surtout des aliments sains, dans les refuges d’urgence.

7. Les personnes vivant en situation d’itinérance sont souvent déchargées de l’hôpital sans planification adéquate. On compte parmi les raisons : la pression subie par le personnel pour que celui-ci décharge rapidement les patient∙es ; un manque de communication entre le personnel de l’hôpital et la communauté ; et un partage d’information insuffisant entre l’hôpital et la communauté. De plus, la majorité des communautés n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour appuyer la récupération post-décharge.

8. Il est possible d’améliorer le congé de l’hôpital. Une étude canadienne (lien en anglais) s’est penchée sur l’impact d’un soutien sur place, prédécharge pour les clientes psychiatriques. Les membres du groupe ciblé ont reçu un appui accéléré d’un∙e gestionnaire du programme d’aide au revenu local afin d’accéder à des fonds destinés aux premier et dernier mois d’un loyer. De plus, un∙e travailleur∙euse en logement leur a été presque immédiatement assigné, les aidant à parler à des propriétaires potentiels et parfois même visitant le logement en question. Le personnel du programme d’aide au revenu était par la suite en mesure de fournir du financement rapidement et directement aux propriétaires. « Le personnel en logement offrait également un appui à mettre en place les paiements aux propriétaires si le∙la client∙e le désirait, révisait les ententes de location et prévoyait les paiements des factures de service public, au besoin. » Cette intervention a réduit de façon significative le nombre de personnes déchargées dans une situation d’itinérance.

9. Il y a d’importantes initiatives en réduction des méfaits dans le secteur des services pour contrer l’itinérance. La réduction des méfaits réfère souvent à réduire les effets néfastes de la consommation de substances illicites sans exiger l’abstinence complète. Ces approches visent souvent les personnes vivant en situation d’itinérance. On compte parmi celles-ci la distribution de seringues propres, de trousses pour l’inhalation sécuritaire et des services de consommation supervisée. Ce chapitre du livre met en lumière certaines pratiques prometteuses.

10. Certains refuges d’urgence fournissent de bons soins de santé. Des infirmier∙ères peuvent traiter des blessures, administrer des médicaments, répondre à des surdoses et effectuer d’autres évaluations reliées à la santé. Des médecins visitent certains refuges régulièrement afin d’instaurer la confiance et créer un rapport avec les résident∙es, offrir des soins actifs épisodiques pour des conditions de santé aiguës et des soins longitudinaux pour des conditions chroniques, ainsi que faciliter la liaison entre les patient∙es et des soins primaires ou spécialisés dans des établissements de santé traditionnels.

En conclusion. Ceci est un sommaire du cinquième chapitre d’un manuel à auteur unique, interdisciplinaire et à libre accès ayant comme but d’offrir une introduction à l’itinérance pour des étudiant∙es, des fournisseur∙euses de services, des chercheur∙euses, des décideur∙euses politiques et des intervenant∙es. Tout le contenu du manuel est disponible gratuitement ici (en anglais seulement). Les chapitres seront téléversés au courant de l’année à mesure qu’ils sont complétés.

Je souhaite remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur appui avec ce billet.

Canada’s 2023 federal budget

Canada’s 2023 federal budget

Canada’s 2023 federal budget

La version française de ce billet se trouve ici.

Canada’s 2023 federal budget was tabled on March 28. Highlights include substantial health care funding, incentives for ‘clean energy,’ new funding for dental care, and a one-time Grocery Store Rebate for low-and modest-income Canadians.

As for what the budget did for housing and homelessness, here are seven things to know:

1. Some new money was announced for affordable housing. The budget committed $4 billion in new funding—albeit over seven years and beginning in 2024-25—“to implement a co-developed Urban, Rural, and Northern Indigenous Housing Strategy.” The amount committed is modest given the scale of the challenge. More information on why such a well-funded strategy is needed is available here.

2. The budget did not respond to calls for a new housing benefit. For the past several months, the Canadian Alliance to End Homelessness (CAEH) has been leading a national campaign for a new form of financial assistance for low-income households (the proposed benefit was supported by favourable polling). An advantage of such a demand-side measure is that it can take effect very quickly and have immediate impact by putting money directly into the pockets of low-income households.

3. Canada’s existing support for demand-side approaches to housing affordability—such as the type proposed by the CAEH—is quite modest. Just 11% of households in Canada’s lowest two quintiles receive rent subsidies (i.e., housing benefits), while the corresponding figure for the OECD is 16%. What’s more, rent subsidy expenditure as a share of Canada’s Gross Domestic Product amounts to just 0.19%, while the corresponding figure for the OECD is 0.26%.[1] It is important that the Government of Canada act on the type of proposal being presented by the CAEH.

4. Canada’s existing support for supply-side approaches to housing affordability—i.e., subsidies that result in low rents for tenants—is also quite modest. Just 4% of Canada’s total housing stock is non-market social housing, while the average for member countries of the OECD is 7% (these figures are available here). Additional investment in supply-side approaches—e.g., the National Housing Co-Investment Fund and the Rapid Housing Initiative—were much needed. An advantage of supply-side approaches is that they can keep housing stock affordable over the long term (as is illustrated here).

5. The Government of Canada’s investment in homelessness remains modest. According to a federal report published in 2018, for every $13 invested by other sources (mostly provincial and municipal governments) only $1 is invested on homelessness by Canada’s federal government. Indeed, it would have been sensible for this budget to have announced increased support for Reaching Home (the Government of Canada’s main funding vehicle for homelessness).

6. Since 2016, there has been explosive growth in home prices in many of Canada’s major cities. Key drivers of this increase include low mortgage rates and further investment by existing homeowners, ultimately rendering many low-income households even more vulnerable to homelessness. It has also made it more challenging for persons currently experiencing homelessness access housing.[2]

7. There are growing signs of outdoor sleeping and ‘social disorder’ associated with rising homelessness. While we do a less-than-optimal job of measuring outdoor sleeping in Canada, anecdotal evidence suggests it has risen considerably since COVID. Further, there has been increased media attention over the past year related to social disorder linked to homelessness. This budget could have done more to address this—especially in light of the modest federal spending on homelessness discussed in point #5 above.

In sum. While some new funding was announced for housing, this budget likely came as a disappointment for most affordable housing and homelessness advocates. Canada already underinvests in these areas. Enhanced budgetary support would have been welcome.

I wish to thank George Fallis, Sean Gadon, Nicholas Gazzard, Steve Pomeroy, Shayne Ramsay, Sylvia Regnier, Tim Richter, Greg Suttor, Ray Sullivan, Alex Tétreault and one anonymous reviewer for assistance with this blog post.

 

[1] Suttor, G. (2022). Social housing: Strong city roles need regional and federal-provincial partnerships. In E. Slack, G. Eidelman, & T. Hachard (Eds.), Who does what: The municipal role in housing policy. IMFG Perspectives No. 33. Toronto: Institute on Municipal Finance and Governance, University of Toronto.

[2] Pomeroy, S. (2022, August 30-September 2). Examining the causes of escalating home prices in Canada [Paper presentation]. European Network for Housing Research Annual Conference, Barcelona, Spain.

 

Canada’s 2023 federal budget

Le budget fédéral canadien de 2023

Le budget fédéral canadien de 2023

An English version of this blog post is available here.

Le budget fédéral de 2023 a été déposé le 28 mars. On y retrouve davantage de financement pour le milieu de la santé, des incitatifs pour « l’énergie propre, » de nouveaux fonds pour les soins dentaires et nouveau remboursement ponctuel pour l’épicerie destiné aux Canadien∙nes et aux familles à revenu faible et modeste.

Pour ce que le budget a à dire sur le logement et l’itinérance, voici sept choses à savoir :

1. De nouvelles sommes ont été annoncées pour le logement abordable. Le budget octroie du nouveau financement à la hauteur de 4 milliards de dollars — bien qu’il s’étendrait sur sept ans, commençant en 2024-2025 — « afin de mettre en œuvre une stratégie de logement autochtone en milieu urbain, rural et nordique. » Le montant engagé est modeste considérant l’ampleur du défi. Plus d’information expliquant pourquoi une stratégie bien financée est nécessaire est disponible ici.

2. Le budget n’a pas tenu en compte les appels pour une nouvelle prestation en logement. Depuis plusieurs mois, l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance (ACMFI) mène une campagne nationale exigeant une nouvelle prestation pour les logements à revenu faible (la prestation proposée a reçu un soutien favorable dans les sondages d’opinion). Un avantage d’une telle mesure est que celle-ci peut prendre effet rapidement et avoir un impact immédiat en remettant de l’argent directement dans les poches des logements à revenu faible.

3. Le soutien actuel provenant du gouvernement fédéral pour des approches axées sur la demande en ce qui a trait à l’abordabilité des logements — tels que ceux proposés par l’ACMFI — est très modeste. Seulement 11 % des domiciles canadiens dans les deux quintiles les plus bas reçoivent des subventions au loyer (c.-à-d. des prestations d’aide au logement), alors que le taux comparatif pour l’OCDE est de 16 %. De plus, les dépenses liées aux subventions au loyer ne représentent que 0,19 % du produit intérieur brut canadien, à comparer au taux correspondant de 0,26 % chez l’OCDE.[1] Il est important que le Gouvernement du Canada mette en place la proposition de l’ACMFI.

4. Le soutien existant pour des initiatives d’abordabilité axées sur l’offre — c.-à-d., des subventions permettant la réduction des loyers — est aussi très modeste au Canada. Les logements sociaux ou non marchands constituent seulement 4 % de la réserve de logements canadienne, alors que la moyenne des États membres de l’OCDE est de 7 % (ces données sont disponibles ici). Des investissements supplémentaires du côté de l’offre — c.-à-d. le Fonds national de co-investissement pour le logement et l’Initiative pour la création rapide de logements — ont été essentiels. L’avantage de ces approches axées sur l’offre est la promesse de l’abordabilité de la réserve de logements sur le long terme (tel qu’illustré ici).

5. L’investissement du Gouvernement du Canada dans le dossier de l’itinérance demeure modeste. Selon un rapport fédéral publié en 2018, le gouvernement fédéral ne verse qu’un dollar aux initiatives visant l’itinérance pour chaque 13 dollars investi par d’autres sources (surtout par des provinces et municipalités). En fait, il aurait été raisonnable que ce budget contienne des augmentations de financement pour Vers un chez-soi (le véhicule principal du gouvernement canadien pour le financement relié à la lutte contre l’itinérance).

6. Depuis 2016, les prix immobiliers ont explosé dans les grandes villes canadiennes. On compte parmi les principaux moteurs de cette augmentation des faibles taux hypothécaires et davantage d’investissements de la part des propriétaires, augmentant en fin du compte le risque de plusieurs ménages à faible revenu de basculer vers l’itinérance. Il est également devenu plus difficile pour les gens vivant en situation d’itinérance à accéder au logement.[2]

7. On voit davantage de signes du sommeil à l’extérieur et du « désordre social » associé à une augmentation de l’itinérance. Bien que le Canada effectue un travail moins qu’optimal à mesurer le sommeil à l’extérieur, les preuves anecdotiques suggèrent que ce dernier a considérablement augmenté depuis le début du COVID-19. De plus, dans la dernière année, les médias ont discuté davantage des troubles sociaux liés à l’itinérance. Ce budget aurait pu en faire davantage pour adresser la situation — compte tenu des dépenses fédérales modestes dans ce dossier, discutées ci-haut au point 5.

En conclusion. Malgré l’annonce de nouveaux investissements dans le dossier du logement, ce budget a probablement déçu pour la majorité des intervenant∙es luttant contre l’itinérance et des défenseur∙es du logement abordable. Du soutien budgétaire accru aurait été bien reçu.

J’aimerais remercier George Fallis, Sean Gadon, Nicholas Gazzard, Steve Pomeroy, Shayne Ramsay, Sylvia Regnier, Tim Richter, Greg Suttor, Ray Sullivan, Alex Tétreault et un∙e réviseur∙e anonyme pour leur appui avec ce billet.

 

[1] Suttor, G. (2022). Social housing: Strong city roles need regional and federal-provincial partnerships. Dans E. Slack, G. Eidelman, & T. Hachard (Eds.), Who does what: The municipal role in housing policy. IMFG Perspectives No. 33. Toronto : Institute on Municipal Finance and Governance, Université de Toronto.

[2] Pomeroy, S. (2022, 30 août-2 septembre). Examining the causes of escalating home prices in Canada [Paper presentation]. Conférence annuelle du European Network for Housing Research, Barcelone, Espagne.