L’itinérance chez les femmes

L’itinérance chez les femmes

L’itinérance chez les femmes

An English version of this blog post is available here.

Je prépare un manuel en libre accès sur l’itinérance et je viens de publier le chapitre 8, qui se concentre sur l’itinérance vécue par les femmes. La version PDF du chapitre complet est disponible ici (en anglais seulement).

Voici 7 points à retenir :

1. L’itinérance chez les femmes est plus souvent cachée. Les femmes ont tendance à moins utiliser les services traditionnels que les hommes. Des recherches suggèrent que les femmes passent plus de temps à dormir d’un sofa à l’autre (p. ex. chez des amis ou de la famille) que les hommes. Il se peut que cela soit dû au fait que les femmes sont plus susceptibles de percevoir les dangers associés aux refuges d’urgence.

2. Les femmes peuvent également être plus aptes à négocier des arrangements informels de logement avec des amis, de la famille et des connaissances. Malheureusement, de tels arrangements peuvent comprendre des situations qui présentent des dangers. Les femmes peuvent accepter des relations sexuelles, par exemple. La pression exercée pour garder leurs enfants à leurs côtés (hors des refuges et hors d’atteinte de la protection de l’enfance) peut motiver une grande partie de ces situations. Des pseudo-relations malsaines peuvent alors s’établir avec un autre adulte, ce qui crée davantage de difficultés.

3. Les femmes peuvent être moins disposées à dormir à la dure. Pour les femmes, il peut être très dangereux de dormir à la dure, en partie en raison du risque de violence physique et sexuelle. Les femmes peuvent être plus vulnérables à ces types de violences et sont généralement moins susceptibles de se livrer à des comportements dangereux que les hommes.

4. Chez les femmes, le rôle de la protection des enfants est plus prononcé. Lorsque les parents se séparent ou divorcent, ce sont les femmes qui ont tendance a conserver la garde des enfants. Les femmes sont alors surveillées de près par les autorités de la protection de l’enfance. Malheureusement, dans de nombreuses juridictions, au lieu d’aider la mère à obtenir un meilleur logement ou des soutiens sociaux, les autorités de la protection de l’enfance auront plutôt tendance à se concentrer sur le retrait des enfants.

5. Il y a moins de possibilités sur le marché du travail pour les femmes que pour les hommes. Les conséquences défavorables pour les femmes sur le marché du travail sont bien documentées. Elles sont le résultat du sexisme, du rôle genré de la responsabilité familiale et d’autres facteurs. Lorsque je travaillais dans le cadre d’un programme d’emploi pour personnes en situation d’itinérance, les employeurs exprimaient souvent une préférence marquée pour les employés masculins. Ceci dit, lorsqu’il n’y a pas d’autre option, le travail du sexe est plus accessible aux femmes qu’aux hommes. Toutefois, le recours au travail du sexe pose des risques et des défis considérables. Les femmes qui pratiquent le travail du sexe ne bénéficient pas des mêmes protections législatives que dans le cadre d’un travail traditionnel. Le risque de victimisation et de violence est considérablement plus élevé et le travail du sexe augmente le risque d’intervention des services de la protection de l’enfance.

6. Les logements de soutien spécialisés pour femmes peuvent jouer un rôle important. Les logements de soutien permanents prévoient une subvention visant à aider les ménages à faible revenu à payer le loyer et à recevoir diverses formes de soutien professionnel afin d’aider le ménage à fonctionner et à demeurer logé. Les caractéristiques des logements supervisés conçus spécifiquement pour les femmes peuvent inclure un espace commun, en partie pour que les femmes puissent se soutenir mutuellement et partager la garde informelle des enfants. D’autres caractéristiques peuvent inclure des services formels de garde d’enfants, d’éducation et de formation professionnelle.

7. L’accès à des soins de santé spécifiquement destinés aux femmes est essentiel. Des soins de santé spécifiques aux femmes peut comprendre : un éventail d’options de contraception, ce qui comprend un soutien et des services d’avortement, des soins prénataux et postnataux pour les femmes enceintes et les nouvelles mères en situation d’itinérance, des programmes éducatifs centrés sur la santé féminine et des ressources en matière de santé mentale des femmes. Il est primordial que les agences de santé publique, les hôpitaux et les cliniques locales conjuguent leurs efforts pour proposer un dépistage gratuit du cancer du sein et du col de l’utérus dans les refuges.

En résumé. Ceci est un sommaire du chapitre 8 d’un manuel interdisciplinaire à libre accès rédigé par un seul auteur et ayant pour objectif de fournir une introduction à l’itinérance pour les étudiants, les prestataires de services, les chercheurs, les décideurs politiques et les défenseurs. Tout le matériel de ce livre est disponible gratuitement ici. Les nouveaux chapitres seront téléchargés au fur et à mesure qu’ils seront complétés tout au long de l’année.

 

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Annick Torfs pour l’aide qu’elles m’ont apportée dans la préparation de ce billet de blogue.

Responding to homelessness in Yellowknife: Pushing the ocean back with a spoon

Responding to homelessness in Yellowknife: Pushing the ocean back with a spoon

Responding to homelessness in Yellowknife: Pushing the ocean back with a spoon

La version française de ce billet se trouve ici.

Several years ago, I wrote a book chapter on homelessness in Yellowknife, a city located in northern Canada. After a very long production cycle, the book has recently been published and is now available for purchase here.

Here are 7 things to know:

1. Housing is more expensive to build in the Northwest Territories (NWT) than in most other regions of Canada. This stems from higher construction costs, largely due to the costs involved with transporting work crews and supplies to rural communities. Further, once housing is built, it deteriorates more quickly in the NWT than it would in most other Canadian jurisdictions due in part to large temperature differentials between outside and inside houses in winter.

2. Operating costs for housing are usually higher in the NWT as well. This has a great deal to do with higher energy consumption (due to cold weather) and higher energy prices. In the words of my long-time mentor, Luigi Zanasi: “In Nunavut and the Northwest Territories, the cost of drinking water and sewage disposal is extremely high as houses depend on trucked water delivery and sewage tank pumpouts.”[i]

3. Perhaps not surprisingly, renting an apartment in Yellowknife is expensive. As of October 2023, average monthly rent for a two-bedroom apartment in Yellowknife was $1,874. The corresponding figure for Toronto was $1,697. Cost factors discussed above are major reasons for Yellowknife’s expensive rent. Another stems from one private landlord owning nearly three-quarters of the city’s rental units (possibly putting that landlord in a monopoly situation).

4. Across the NWT, social conditions often push people to leave small communities for Yellowknife. Such conditions include inadequate housing, high rates of violence, and unemployment. Those who go to the city are often unemployed and homeless upon arrival.

5. Recent enumeration supports the theory that migration drives homelessness in Yellowknife. According to Yellowknife’s 2021 Point-In-Time Homeless Count (available here), more than 90% of Yellowknife’s homeless population is not originally from Yellowknife, with nearly two-thirds being from another NWT community.

6. One takeaway from all of this is that homelessness knows few borders. Indeed, in order to address homelessness in one city, investments are also necessary in rural areas. This learning applies to other parts of Canada and beyond.

7. One important local innovation is the relaxation of rent thresholds/allowances for social assistance recipients. In April 2018, the ‘rent cap’ for single social assistance recipients without dependants was removed. Previously, this group had been allocated a maximum of $900 per month for rent from social assistance funds, making it very difficult to find rental housing. But now, it’s not unheard of for a single employable social assistance recipient without dependants to have the rent for a $1,500/month one-bedroom housing unit fully covered by the rental portion of their social assistance benefits. As long as the person remains eligible for social assistance, they can access the rental allowance.

In sum. The full book chapter lays out, in detail, an extensive suite of policy responses funded by all orders of government. But a key takeaway is that, as long as there’s deep poverty outside of Yellowknife, homelessness will exist in Yellowknife.

I wish to thank Sylvia Regnier and Annick Torfs for assistance with this blog post.

[i] Luigi Zanasi, Discussion Paper on Expiry of Federal Funding for Social Housing: Implications for the Territorial Housing Corporations (Whitehorse: NWT, Nunavut and Yukon Housing Corporations, 2007) 21.

 

Responding to homelessness in Yellowknife: Pushing the ocean back with a spoon

La lutte contre l’itinérance à Yellowknife : c’est comme vider l’océan à la petite cuillère

La lutte contre l’itinérance à Yellowknife : c’est comme vider l’océan à la petite cuillère

An English version of this blog post is available here.

Il y a plusieurs années, j’ai écrit un chapitre de livre sur l’itinérance à Yellowknife, une ville située dans le nord du Canada. Après un très long cycle de production, ce livre a récemment été publié et peut désormais être acheté ici.

Voici 7 choses à savoir :

1. Le coût de construction des logements est plus élevé dans les Territoires du Nord-Ouest que dans la plupart des autres régions du Canada. Ces coûts de construction plus élevés sont en grande partie dûs aux frais de transport des équipes de travail et des matériaux jusqu’aux communautés rurales. De plus, une fois les maisons construites, elles se détériorent plus rapidement dans les Territoires du Nord-Ouest que dans la plupart des autres régions canadiennes, en partie à cause des différences de température entre l’extérieur et l’intérieur des maisons en hiver.

2. En outre, l’exploitation des logements est habituellement plus coûteuse dans les Territoires du Nord-Ouest.Cette situation s’explique en grande partie par une plus grande consommation d’énergie (en raison du climat froid) et par des prix d’énergie plus élevés. Selon les propos de mon mentor de longue date, Luigi Zanasi : «Au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest, le coût de l’eau potable et de l’évacuation des eaux usées est extrêmement onéreux puisque les maisons dépendent de la livraison par camion d’eau potable et de la vidange des réservoirs des eaux usées[1]. »

3. Il n’est donc pas surprenant que la location d’un appartement à Yellowknife soit coûteuse. Depuis octobre 2023, le loyer mensuel moyen d’un appartement à deux chambres s’élevait à 1 874 $. Le montant correspondant pour Toronto se chiffrait à 1 697 $. Les facteurs de coût mentionnés ci-dessus représentent les raisons principales des coûts de location élevés à Yellowknife. Une autre raison réside dans le fait qu’un propriétaire privé possède près de trois quarts des logements locatifs de la ville (ce qui pourrait constituer un monopole).

4. D’un bout à l’autre des Territoires du Nord-Ouest, il est fréquent que les gens quittent leurs petites communautés pour se rendre à Yellowknife en raison des conditions sociales. Ces conditions comptent des logements insalubres, un taux élevé de violence et le chômage. Ceux qui se rendent en ville sont souvent sans emploi et sans-abri dès leur arrivée.

5. Des dénombrements effectués récemment soutiennent la théorie selon laquelle la migration est un facteur déterminant de l’itinérance à Yellowknife. D’après les résultats d’un dénombrement ponctuel des personnes en situation d’itinérance tenu à Yellowknife en 2021 (disponible ici), plus de 90 % de la population sans-abri de Yellowknife n’était pas originaire de Yellowknife et près de deux tiers provenaient d’une autre communauté des Territoires du Nord-Ouest.

6. Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que l’itinérance ne connaît pas de frontières. En effet, afin de pouvoir lutter efficacement contre l’itinérance dans une ville, il faut aussi investir dans les régions rurales. Cet apprentissage s’applique également aux autres régions du Canada et au-delà.

7. Une innovation locale importante est l’assouplissement des seuils des loyers et des allocations de loyer pour les récipiendaires de l’aide sociale. En avril 2018, le plafonnement des loyers pour les bénéficiaires célibataires de l’aide sociale sans personne à charge a été supprimé. Antérieurement, on avait alloué à ce groupe un maximum de 900 $ par mois pour le loyer en puisant dans les fonds de l’aide sociale, ce qui faisait qu’il était très difficile de trouver un logement locatif. Mais à présent, il n’est pas rare qu’un bénéficiaire de l’aide sociale célibataire, en mesure de travailler et sans personne à charge, soit entièrement couvert par la partie «loyer » de ses prestations d’aide sociale pour le loyer d’un logement d’une chambre à coucher d’une valeur de 1 500 $ par mois. Tant que la personne reste admissible à l’aide sociale, elle reçoit l’allocation de logement.

En résumé. Le chapitre complet du livre expose de façon détaillée un ensemble exhaustif de réponses politiques financées par tous les ordres de gouvernement. Cependant, la chose principale à retenir est que, tant qu’il y aura une pauvreté profonde à l’extérieur de Yellowknife, il y aura des personnes en situation d’itinérance à Yellowknife.

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Annick Torfs pour l’aide qu’elles m’ont apportée dans la préparation de ce billet de blogue.

[1] Luigi Zanasi, Discussion Paper on Expiry of Federal Funding for Social Housing: Implications for the Territorial Housing Corporations (Whitehorse: NWT, Nunavut and Yukon Housing Corporations, 2007) 21.

Homelessness among racialized persons

Homelessness among racialized persons

Homelessness among racialized persons

La version française de ce billet se trouve ici.

I’m writing an open access textbook on homelessness and have just released Chapter 7, which focuses on homelessness experienced by racialized persons. The PDF version of the full chapter is available here.

Here are 10 things to know:

1. Racialized persons—also known as ‘people of colour’ or ‘racial/ethnic minorities’—are often overrepresented among people experiencing homelessness. Most countries have racist pasts and continue to see ongoing systemic racism, making it challenging for racialized persons to access social services—including housing, income assistance and health care.

2. In order to understand some of the challenges faced by racialized persons, one must understand colonialism. Colonialism can include the forced removal of people from their land, the appropriation of land, the destruction of villages and crops, slavery, and vagrancy laws pertaining to freed slaves. Government-sanctioned violence has driven much of this.

3. Racism is embedded in colonialism. Racism can be defined as “a system of advantages and disadvantages based on race…[This] includes individual‐level beliefs and practices, cultural messages, public policies, and other interconnecting micro‐ and macrolevel dynamics that benefit White people and harm people of color…”[1]

4. Racism makes it more challenging for racialized persons to obtain housing. It also makes it more challenging for them to thrive in educational settings, obtain employment, qualify for income assistance and receive health care. Racism affects who gets targeted by law enforcement officials, who has access to legal representation, who goes to jail and for how long. It impacts which parents (mostly mothers) are targeted by child welfare officials and have their children taken into care. In a nutshell, racism affects the delivery of social services.

5. Within the homeless-serving sector, assessment tools prioritize need for services and that often assess a person’s need or vulnerability. These can create further challenges for racialized persons—much research has found that such triage tools can prioritize White persons over racialized persons.

6. Well-targeted funding enhancements could address some of these challenges. In most countries, social services for racialized persons are severely underfunded; important funding injections could help to both prevent and respond to homelessness among racialized persons. This includes funding for education, employment, healthcare, early childhood development (e.g., daycare), income assistance, housing, eviction prevention, emergency facilities, and homeless outreach services.

7. Representation can also make a difference. According to Olivet et al. (2021), non-profit organizations in the homeless-serving sector “should diversify staff, leadership, and boards of directors to include significant representation by people of color…”[2] Better representation can yield more culturally appropriate services.

8. Programming matters. Whether you operate an emergency shelter, a daytime drop-in service, or housing, it can be beneficial to offer culturally relevant services on a regular basis. Such programming might include music, arts and crafts, language support, and food-related support that might be relevant to racialized persons.

9. Staff training makes a difference. Non-profit agencies should organize staff training on anti-racism, led by racialized persons. This can come in the form of all-day training sessions, and should occur at least once per year. Staff should also be encouraged to seek anti-racism training outside such in-house events in the local community.

10. Ongoing evaluation and oversight is vital. Organizations should endeavour to hold themselves accountable. Accountability mechanisms may include an evaluation framework with inputs, outputs and outcomes specific to racialized clients. It might also include an annual survey specifically for racialized staff and clients. Racialized persons should be involved in the development of any evaluation framework—or at least the portions focused on racialized persons.

In sum. This is a summary of Chapter 7 of a sole-authored, open access interdisciplinary textbook intended to provide an introduction to homelessness for students, service providers, researchers, policy-makers and advocates. All material for this book is available free of charge here. Newly-completed chapters will be uploaded throughout the year.

I wish to thank Sylvia Regnier and Annick Torfs for assistance with this blog post.

[1] Richard, M. K. (2023). Race matters in addressing homelessness: A scoping review and call for critical research. American Journal of Community Psychology.

[2] Olivet, J., Wilkey, C., Richard, M., Dones, M., Tripp, J., Beit-Arie, M., Yampolskaya, S., & Cannon, R. (2021). Racial inequity and homelessness: findings from the SPARC study. The ANNALS of the American Academy of Political and Social Science693(1), 82-100.

Homelessness among racialized persons

L’itinérance chez les personnes racialisées

L’itinérance chez les personnes racialisées

An English version of this blog post is available here.

Je prépare un manuel à libre accès sur l’itinérance et je viens de publier le chapitre 7, qui se concentre sur l’itinérance vécue par les peuples autochtones, notamment en Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande. La version PDF du chapitre complet est disponible ici (en anglais seulement).

Voici 10 point à retenir :

1. Les personnes racialisées, que l’on appelle également « personnes de couleur » ou « minorités raciales/ethniques », sont souvent surreprésentées parmi les personnes en situation d’itinérance. La plupart des pays ont connu un passé raciste et connaissent toujours un racisme systémique, compliquant l’accès des personnes racialisées aux services sociaux, dont le logement, l’aide au revenu et les soins de santé.

2. Pour comprendre certains des défis auxquels sont confrontées les personnes racialisées, il faut comprendre ce qu’est le colonialisme. Le colonialisme peut inclure l’expulsion forcée de personnes de leurs terres, l’appropriation de terres, la destruction de villages et de cultures, l’esclavage et les lois sur le vagabondage concernant les esclaves libérés. La violence sanctionnée par le gouvernement est à l’origine d’une grande partie de ce phénomène.

3. Le racisme est ancré dans le colonialisme. On peut définir le racisme comme « un système d’avantages et de désavantages fondés sur la race… [Cela] comprend les croyances et les pratiques individuelles, les messages culturels, les politiques publiques et d’autres dynamiques interconnectées aux niveaux micro et macro qui profitent aux blancs et nuisent aux personnes de couleur[1]. »

4. Le racisme complique l’obtention d’un logement pour les personnes racialisées. Il leur est également plus difficile de s’épanouir dans l’enseignement, d’obtenir un emploi, de bénéficier d’une aide au revenu et de recevoir des soins de santé. Le racisme affecte les personnes ciblées par les services policiers, celles qui ont accès à une représentation juridique, celles qui vont en prison et pour combien de temps. Il a une incidence sur les parents (principalement les mères) qui sont ciblés par les services de la protection de l’enfance et dont les enfants sont pris en charge. En bref, le racisme affecte la prestation des services sociaux.

5. Dans le secteur de l’aide aux sans-abri, les outils d’évaluation permettent de prioriser les besoins en matière de services ainsi que d’évaluer les besoins ou la vulnérabilité d’une personne. Cependant, ces outils peuvent créer des difficultés supplémentaires pour les personnes racialisées. En effet, de nombreuses recherches ont montré que ces outils de triage peuvent donner la priorité aux blancs sur les personnes racialisées.

6. En apportant des améliorations bien ciblées aux financements, nous serions en mesure d’aborder certains de ces défis. Dans la plupart des pays, les services sociaux fournis aux personnes racialisées sont considérablement sous-financés; des apports de fonds importants pourraient contribuer à la fois à prévenir et à répondre à l’itinérance chez les personnes racialisées. Cela comprend un financement pour l’éducation, l’emploi, les soins de santé, le développement de la petite enfance (p. ex., les garderies), l’aide au revenu, le logement, la prévention des expulsions, les structures d’urgence et les services d’approche.

7. La représentation peut également faire une différence. Selon Olivet et al. (2021), les organismes sans but lucratif du secteur de l’aide aux sans-abri « devraient assurer la diversification de leur personnel, de leurs dirigeants et de leur conseil d’administration afin d’inclure une représentation importante de personnes de couleur[2]… » Une meilleure représentation peut entraîner d’avantage de services adaptés à la réalité culturelle.

8. L’importance de la programmation. Que vous soyez responsable d’un refuge d’urgence, d’un service d’accueil de jour ou d’un logement, il peut s’avérer utile d’offrir des services pertinents sur le plan culturel de façon régulière. De tels programmes peuvent comprendre de la musique, de l’art et de l’artisanat, un soutien linguistique et un soutien relié à l’alimentation qui peuvent être utiles aux personnes racialisées.

9. La formation du personnel peut faire toute la différence. Les agences sans but lucratif devraient organiser des séances de formation du personnel contre le racisme menées par des personnes racialisées. Cette formation peut prendre la forme de séances de formation d’une journée entière et devrait avoir lieu au moins une fois par an. Le personnel devrait également être encouragé à rechercher une formation antiraciste en dehors de ces événements internes, au sein de la communauté locale.

10. Une évaluation et une vérification continues sont essentielles. Les organismes devraient s’efforcer à se responsabiliser. Les mécanismes de responsabilisation peuvent inclure un cadre d’évaluation comprenant les entrées, les sorties et les résultats spécifiques aux clients racialisés. Ce cadre peut également comprendre une enquête annuelle s’adressant spécifiquement au personnel et aux clients racialisés. Les personnes racialisées devraient participer à l’élaboration de tout cadre d’évaluation, ou du moins des éléments axés sur les personnes racialisées.

En résumé. Ceci est un sommaire du chapitre 7 d’un manuel interdisciplinaire à libre accès rédigé par un auteur et ayant pour objectif de fournir une introduction à l’itinérance pour les étudiants, les prestataires de services, les chercheurs, les décideurs politiques et les défenseurs. Tout le matériel de ce livre est disponible gratuitement ici. Les nouveaux chapitres seront téléchargés au fur et à mesure qu’ils seront complétés tout au long de l’année.

Je tiens à remercier Sylvia Regnier et Annick Torfs pour l’aide qu’elles m’ont apporté dans la préparation de ce billet de blogue.

[1] Richard, M. K. (2023). Race matters in addressing homelessness: A scoping review and call for critical research. American Journal of Community Psychology.

[2] Olivet, J., Wilkey, C., Richard, M., Dones, M., Tripp, J., Beit-Arie, M., Yampolskaya, S., & Cannon, R. (2021). Racial inequity and homelessness: findings from the SPARC study. The ANNALS of the American Academy of Political and Social Science693(1), 82-100.