La santé et l’itinérance

La santé et l’itinérance

La santé et l’itinérance

An English version of this blog post is available here.

J’écris un livre numérique à libre accès portant sur l’itinérance et je viens de lancer le cinquième chapitre, intitulé « La santé et les conditions sanitaires ». La version PDF du chapitre intégral est disponible ici (en anglais seulement).

Voici dix choses à savoir :

1. Les personnes vivant en situation d’itinérance sont plus susceptibles à faire face à des défis sanitaires que la population générale. Physiquement, ceci inclut des taux élevés d’hépatite C, d’épilepsie, de maladie du cœur, de cancer, d’arthrite et de rhumatismes, d’asthme et de diabète. Psychologiquement, on parle de fréquence élevée d’anxiété, de dépression, de maladie bipolaire, de schizophrénie et de troubles de consommation de substances.

2. Plusieurs personnes vivant en situation d’itinérance n’ont pas de fournisseur de soins primaires. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette réalité, y compris : des mécanismes de paiement qui font en sorte que le traitement de cas complexes ne soit pas rentable ; du picorage (« cherry-picking ») de la part de certains fournisseurs afin d’éviter de fournir des services aux personnes vivant en itinérance ; ne pas posséder de téléphone ; un manque d’assurance maladie ; l’absence d’options cliniques à faibles barrières (p. ex. des heures d’accueil accessibles) ; et des déménagements fréquents.

3. Des personnes vivant en situation d’itinérance cherchent souvent des traitements dans les services des urgences. En raison de leurs vulnérabilités au niveau de la santé, il est également vrai que les personnes vivant en itinérance meurent beaucoup plus tôt que la norme.

4. Les traumatismes contribuent aux problèmes de santé. Ceci inclut les traumatismes subis dans l’enfance, en plus d’agressions physiques et sexuelles subies régulièrement en itinérance. Une étude canadienne (lien en anglais) confirme que les gens vivant en situation d’itinérance à long terme ont souffert des traumatismes dans l’enfance à un taux cinq fois plus élevé que la population générale. On peut compter parmi de tels traumatismes la maltraitance, des parents avec des problèmes de consommation, la violence domestique et des sévices.

5. Vivre sans un abri adéquat expose des gens à de la précipitation et des conditions météorologiques extrêmes. Être exposé à un temps froid peut entraîner des engelures et l’hypothermie. Dans le cas de températures chaudes, on risque des coups de chaleur, l’épuisement, la déshydratation et le cancer de la peau. La précipitation peut mener à des infections fongiques et d’autres problèmes de peau. De plus, être exposé à des températures extrêmes, chaude ou froide, peut entraîner la mort.

6. L’habitation collective est également un facteur. La plupart des refuges d’urgence sont surpeuplés. Dans certains cas, il n’y a qu’un pied (30 centimètres) de séparation entre personnes. Dans d’autres cas, des personnes vulnérables (y compris des enfants) sont en proximité d’étrangers. Ce surpeuplement augmente la transmission de maladies contagieuses et contribue aux conflits entre résident∙es, tous les deux pouvant avoir des résultats négatifs sur la santé mentale. Il y a aussi souvent un manque de nourriture, surtout des aliments sains, dans les refuges d’urgence.

7. Les personnes vivant en situation d’itinérance sont souvent déchargées de l’hôpital sans planification adéquate. On compte parmi les raisons : la pression subie par le personnel pour que celui-ci décharge rapidement les patient∙es ; un manque de communication entre le personnel de l’hôpital et la communauté ; et un partage d’information insuffisant entre l’hôpital et la communauté. De plus, la majorité des communautés n’ont pas l’infrastructure nécessaire pour appuyer la récupération post-décharge.

8. Il est possible d’améliorer le congé de l’hôpital. Une étude canadienne (lien en anglais) s’est penchée sur l’impact d’un soutien sur place, prédécharge pour les clientes psychiatriques. Les membres du groupe ciblé ont reçu un appui accéléré d’un∙e gestionnaire du programme d’aide au revenu local afin d’accéder à des fonds destinés aux premier et dernier mois d’un loyer. De plus, un∙e travailleur∙euse en logement leur a été presque immédiatement assigné, les aidant à parler à des propriétaires potentiels et parfois même visitant le logement en question. Le personnel du programme d’aide au revenu était par la suite en mesure de fournir du financement rapidement et directement aux propriétaires. « Le personnel en logement offrait également un appui à mettre en place les paiements aux propriétaires si le∙la client∙e le désirait, révisait les ententes de location et prévoyait les paiements des factures de service public, au besoin. » Cette intervention a réduit de façon significative le nombre de personnes déchargées dans une situation d’itinérance.

9. Il y a d’importantes initiatives en réduction des méfaits dans le secteur des services pour contrer l’itinérance. La réduction des méfaits réfère souvent à réduire les effets néfastes de la consommation de substances illicites sans exiger l’abstinence complète. Ces approches visent souvent les personnes vivant en situation d’itinérance. On compte parmi celles-ci la distribution de seringues propres, de trousses pour l’inhalation sécuritaire et des services de consommation supervisée. Ce chapitre du livre met en lumière certaines pratiques prometteuses.

10. Certains refuges d’urgence fournissent de bons soins de santé. Des infirmier∙ères peuvent traiter des blessures, administrer des médicaments, répondre à des surdoses et effectuer d’autres évaluations reliées à la santé. Des médecins visitent certains refuges régulièrement afin d’instaurer la confiance et créer un rapport avec les résident∙es, offrir des soins actifs épisodiques pour des conditions de santé aiguës et des soins longitudinaux pour des conditions chroniques, ainsi que faciliter la liaison entre les patient∙es et des soins primaires ou spécialisés dans des établissements de santé traditionnels.

En conclusion. Ceci est un sommaire du cinquième chapitre d’un manuel à auteur unique, interdisciplinaire et à libre accès ayant comme but d’offrir une introduction à l’itinérance pour des étudiant∙es, des fournisseur∙euses de services, des chercheur∙euses, des décideur∙euses politiques et des intervenant∙es. Tout le contenu du manuel est disponible gratuitement ici (en anglais seulement). Les chapitres seront téléversés au courant de l’année à mesure qu’ils sont complétés.

Je souhaite remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur appui avec ce billet.

Canada’s 2023 federal budget

Canada’s 2023 federal budget

Canada’s 2023 federal budget

La version française de ce billet se trouve ici.

Canada’s 2023 federal budget was tabled on March 28. Highlights include substantial health care funding, incentives for ‘clean energy,’ new funding for dental care, and a one-time Grocery Store Rebate for low-and modest-income Canadians.

As for what the budget did for housing and homelessness, here are seven things to know:

1. Some new money was announced for affordable housing. The budget committed $4 billion in new funding—albeit over seven years and beginning in 2024-25—“to implement a co-developed Urban, Rural, and Northern Indigenous Housing Strategy.” The amount committed is modest given the scale of the challenge. More information on why such a well-funded strategy is needed is available here.

2. The budget did not respond to calls for a new housing benefit. For the past several months, the Canadian Alliance to End Homelessness (CAEH) has been leading a national campaign for a new form of financial assistance for low-income households (the proposed benefit was supported by favourable polling). An advantage of such a demand-side measure is that it can take effect very quickly and have immediate impact by putting money directly into the pockets of low-income households.

3. Canada’s existing support for demand-side approaches to housing affordability—such as the type proposed by the CAEH—is quite modest. Just 11% of households in Canada’s lowest two quintiles receive rent subsidies (i.e., housing benefits), while the corresponding figure for the OECD is 16%. What’s more, rent subsidy expenditure as a share of Canada’s Gross Domestic Product amounts to just 0.19%, while the corresponding figure for the OECD is 0.26%.[1] It is important that the Government of Canada act on the type of proposal being presented by the CAEH.

4. Canada’s existing support for supply-side approaches to housing affordability—i.e., subsidies that result in low rents for tenants—is also quite modest. Just 4% of Canada’s total housing stock is non-market social housing, while the average for member countries of the OECD is 7% (these figures are available here). Additional investment in supply-side approaches—e.g., the National Housing Co-Investment Fund and the Rapid Housing Initiative—were much needed. An advantage of supply-side approaches is that they can keep housing stock affordable over the long term (as is illustrated here).

5. The Government of Canada’s investment in homelessness remains modest. According to a federal report published in 2018, for every $13 invested by other sources (mostly provincial and municipal governments) only $1 is invested on homelessness by Canada’s federal government. Indeed, it would have been sensible for this budget to have announced increased support for Reaching Home (the Government of Canada’s main funding vehicle for homelessness).

6. Since 2016, there has been explosive growth in home prices in many of Canada’s major cities. Key drivers of this increase include low mortgage rates and further investment by existing homeowners, ultimately rendering many low-income households even more vulnerable to homelessness. It has also made it more challenging for persons currently experiencing homelessness access housing.[2]

7. There are growing signs of outdoor sleeping and ‘social disorder’ associated with rising homelessness. While we do a less-than-optimal job of measuring outdoor sleeping in Canada, anecdotal evidence suggests it has risen considerably since COVID. Further, there has been increased media attention over the past year related to social disorder linked to homelessness. This budget could have done more to address this—especially in light of the modest federal spending on homelessness discussed in point #5 above.

In sum. While some new funding was announced for housing, this budget likely came as a disappointment for most affordable housing and homelessness advocates. Canada already underinvests in these areas. Enhanced budgetary support would have been welcome.

I wish to thank George Fallis, Sean Gadon, Nicholas Gazzard, Steve Pomeroy, Shayne Ramsay, Sylvia Regnier, Tim Richter, Greg Suttor, Ray Sullivan, Alex Tétreault and one anonymous reviewer for assistance with this blog post.

 

[1] Suttor, G. (2022). Social housing: Strong city roles need regional and federal-provincial partnerships. In E. Slack, G. Eidelman, & T. Hachard (Eds.), Who does what: The municipal role in housing policy. IMFG Perspectives No. 33. Toronto: Institute on Municipal Finance and Governance, University of Toronto.

[2] Pomeroy, S. (2022, August 30-September 2). Examining the causes of escalating home prices in Canada [Paper presentation]. European Network for Housing Research Annual Conference, Barcelona, Spain.

 

Canada’s 2023 federal budget

Le budget fédéral canadien de 2023

Le budget fédéral canadien de 2023

An English version of this blog post is available here.

Le budget fédéral de 2023 a été déposé le 28 mars. On y retrouve davantage de financement pour le milieu de la santé, des incitatifs pour « l’énergie propre, » de nouveaux fonds pour les soins dentaires et nouveau remboursement ponctuel pour l’épicerie destiné aux Canadien∙nes et aux familles à revenu faible et modeste.

Pour ce que le budget a à dire sur le logement et l’itinérance, voici sept choses à savoir :

1. De nouvelles sommes ont été annoncées pour le logement abordable. Le budget octroie du nouveau financement à la hauteur de 4 milliards de dollars — bien qu’il s’étendrait sur sept ans, commençant en 2024-2025 — « afin de mettre en œuvre une stratégie de logement autochtone en milieu urbain, rural et nordique. » Le montant engagé est modeste considérant l’ampleur du défi. Plus d’information expliquant pourquoi une stratégie bien financée est nécessaire est disponible ici.

2. Le budget n’a pas tenu en compte les appels pour une nouvelle prestation en logement. Depuis plusieurs mois, l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance (ACMFI) mène une campagne nationale exigeant une nouvelle prestation pour les logements à revenu faible (la prestation proposée a reçu un soutien favorable dans les sondages d’opinion). Un avantage d’une telle mesure est que celle-ci peut prendre effet rapidement et avoir un impact immédiat en remettant de l’argent directement dans les poches des logements à revenu faible.

3. Le soutien actuel provenant du gouvernement fédéral pour des approches axées sur la demande en ce qui a trait à l’abordabilité des logements — tels que ceux proposés par l’ACMFI — est très modeste. Seulement 11 % des domiciles canadiens dans les deux quintiles les plus bas reçoivent des subventions au loyer (c.-à-d. des prestations d’aide au logement), alors que le taux comparatif pour l’OCDE est de 16 %. De plus, les dépenses liées aux subventions au loyer ne représentent que 0,19 % du produit intérieur brut canadien, à comparer au taux correspondant de 0,26 % chez l’OCDE.[1] Il est important que le Gouvernement du Canada mette en place la proposition de l’ACMFI.

4. Le soutien existant pour des initiatives d’abordabilité axées sur l’offre — c.-à-d., des subventions permettant la réduction des loyers — est aussi très modeste au Canada. Les logements sociaux ou non marchands constituent seulement 4 % de la réserve de logements canadienne, alors que la moyenne des États membres de l’OCDE est de 7 % (ces données sont disponibles ici). Des investissements supplémentaires du côté de l’offre — c.-à-d. le Fonds national de co-investissement pour le logement et l’Initiative pour la création rapide de logements — ont été essentiels. L’avantage de ces approches axées sur l’offre est la promesse de l’abordabilité de la réserve de logements sur le long terme (tel qu’illustré ici).

5. L’investissement du Gouvernement du Canada dans le dossier de l’itinérance demeure modeste. Selon un rapport fédéral publié en 2018, le gouvernement fédéral ne verse qu’un dollar aux initiatives visant l’itinérance pour chaque 13 dollars investi par d’autres sources (surtout par des provinces et municipalités). En fait, il aurait été raisonnable que ce budget contienne des augmentations de financement pour Vers un chez-soi (le véhicule principal du gouvernement canadien pour le financement relié à la lutte contre l’itinérance).

6. Depuis 2016, les prix immobiliers ont explosé dans les grandes villes canadiennes. On compte parmi les principaux moteurs de cette augmentation des faibles taux hypothécaires et davantage d’investissements de la part des propriétaires, augmentant en fin du compte le risque de plusieurs ménages à faible revenu de basculer vers l’itinérance. Il est également devenu plus difficile pour les gens vivant en situation d’itinérance à accéder au logement.[2]

7. On voit davantage de signes du sommeil à l’extérieur et du « désordre social » associé à une augmentation de l’itinérance. Bien que le Canada effectue un travail moins qu’optimal à mesurer le sommeil à l’extérieur, les preuves anecdotiques suggèrent que ce dernier a considérablement augmenté depuis le début du COVID-19. De plus, dans la dernière année, les médias ont discuté davantage des troubles sociaux liés à l’itinérance. Ce budget aurait pu en faire davantage pour adresser la situation — compte tenu des dépenses fédérales modestes dans ce dossier, discutées ci-haut au point 5.

En conclusion. Malgré l’annonce de nouveaux investissements dans le dossier du logement, ce budget a probablement déçu pour la majorité des intervenant∙es luttant contre l’itinérance et des défenseur∙es du logement abordable. Du soutien budgétaire accru aurait été bien reçu.

J’aimerais remercier George Fallis, Sean Gadon, Nicholas Gazzard, Steve Pomeroy, Shayne Ramsay, Sylvia Regnier, Tim Richter, Greg Suttor, Ray Sullivan, Alex Tétreault et un∙e réviseur∙e anonyme pour leur appui avec ce billet.

 

[1] Suttor, G. (2022). Social housing: Strong city roles need regional and federal-provincial partnerships. Dans E. Slack, G. Eidelman, & T. Hachard (Eds.), Who does what: The municipal role in housing policy. IMFG Perspectives No. 33. Toronto : Institute on Municipal Finance and Governance, Université de Toronto.

[2] Pomeroy, S. (2022, 30 août-2 septembre). Examining the causes of escalating home prices in Canada [Paper presentation]. Conférence annuelle du European Network for Housing Research, Barcelone, Espagne.

Subsidized rental housing and homelessness under Alberta’s first UCP government

Subsidized rental housing and homelessness under Alberta’s first UCP government

Subsidized rental housing and homelessness under Alberta’s first UCP government

La version française de ce billet se trouve ici.

I’ve just written a lengthy book chapter about subsidized rental housing and homelessness in Alberta under the Jason Kenney government (2019-2022). Edited by Trevor Harrison and Ric Acuna, the book is titled Anger and Angst: Jason Kenney’s Legacy and Alberta’s Right. It is published by Black Rose Books and can be purchased here.

Five things to know:

1. On a per capita basis, Alberta has far less subsidized housing than the rest of Canada. Alberta’s rate of social housing—i.e., social housing as a percentage of all housing stock—is just 2.9%. For Canada as a whole, the figure is 4.2%. Put differently, Alberta has some catching up to do!

2. Political theatrics aside, the UCP has been a decent partner with the Government of Canada…at least on the housing file. Federal leadership on housing and homelessness in Canada saw a rebirth of sorts in 2017, when the Government of Canada (GoC) announced the long-awaited National Housing Strategy. Alberta signed its bilateral agreement with the GoC in March 2019, securing the maximum federal amounts available—and in order to secure these funds, the Government of Alberta had to provide a substantial amount of provincial funding.

3. In November 2021, the Government of Alberta (GoA) released a 10-year provincial housing strategy. Among other things, the strategy seeks to: reduce the GoA’s role in property ownership; increase mixed-income housing options; create more subsidized rental units; and provide more demand-side assistance (e.g., rent supplements). While laudable goals, most of the strategy’s commitments have yet to be funded—so the strategy is like a North Star without sufficient funding authority.

4. In October 2022, the UCP announced $63 million over two years in new funding for homelessness. This important new funding will help equalize funding between Edmonton and Calgary (Calgary had previously been receiving more per-capita homelessness funding). It will also help to expand the number of emergency shelter spaces for the winter months, and help all provincially-funded emergency shelters offer 24-7 access (many shelters had previously required that residents leave during the day).

5. The UCP has made harm reduction a wedge issue. Harm reduction focuses on reducing harm caused by drug use without requiring total abstinence. Harm reduction approaches include the distribution of clean syringes, safe inhalation kits and supervised consumption services. While not a central focus of this chapter, most harm reduction initiatives tend to target persons experiencing homelessness. The UCP has reduced access to harm reduction services, which has likely resulted in poorer health outcomes for vulnerable persons and premature loss of life.

In sum. Under Premier Jason Kenney, the UCP released a laudable housing strategy, albeit one with insufficient funding. Having said that, it did make impressive funding commitments pertaining to homelessness. Meanwhile, it turned harm reduction into a wedge issue, reversing much progress that had previously been made in Alberta.

I wish to thank Sylvia Regnier and Alex Tétreault for assistance with this blog post.

 

Subsidized rental housing and homelessness under Alberta’s first UCP government

Les logements locatifs subventionnés et l’itinérance sous le premier gouvernement PCU de l’Alberta

Les logements locatifs subventionnés et l’itinérance sous le premier gouvernement PCU de l’Alberta

An English version of this blog post is available here.

Je viens de contribuer à un ouvrage, offrant un survol du gouvernement de Jason Kenney (2019-2022), un chapitre portant sur les logements locatifs subventionnés et l’itinérance en Alberta. Édité par Trevor Harrison et Ric Acuna, le livre Anger and Angst : Jason Kenney’s Legacy and Alberta’s Right est paru le mois dernier chez Black Rose Books. Vous pouvez vous procurer une copie ici.

Voici cinq choses à savoir :

1. Au prorata de la population, l’Alberta a beaucoup moins de logements subventionnés que la moyenne canadienne. Son taux de logement social — c’est-à-dire le pourcentage de la réserve de logement albertaine que représente le logement social — est de seulement 2,9 %. Pour le Canada dans son ensemble, le taux est de 4,2 %. Autrement dit, l’Alberta a du rattrapage à faire!

2. Outre les aspects théâtraux de sa politique, le Parti conservateur uni (PCU) a été un partenaire adéquat du Gouvernement du Canada… au moins dans le dossier du logement. Le leadership fédéral en matière de logement et d’itinérance au Canada a vécu une sorte de renaissance en 2017 lorsque le Gouvernement du Canada a annoncé sa Stratégie nationale sur le logement. L’Alberta a signé une entente bilatérale en mars 2019, sécurisant les contributions maximales du gouvernement fédéral — afin de sécuriser ces fonds, la province a dû elle-même investir des sommes importantes.

3. En novembre 2021, le Gouvernement de l’Alberta a lancé un plan d’action sur le logement, s’étendant sur 10 ans. Entre autres, la stratégie cherche à : réduire le rôle du gouvernement provincial comme propriétaire de logements ; augmenter la disponibilité des logements à revenus mixtes ; créer plus d’unités de logement subventionnées ; et fournir davantage d’appui du côté de la demande (p. ex. des suppléments au loyer). Bien qu’ils soient des objectifs louables, la majorité des engagements énumérés dans la stratégie n’ont pas encore été financés — faisant de la stratégie une étoile du nord sans autorité financière suffisante.

4. En octobre 2022, le PCU a annoncé du nouveau financement pour l’itinérance à la hauteur de 63 $ millions sur deux ans. Ce nouveau financement aidera à équilibrer le financement reçu par Edmonton et Calgary — cette dernière recevait plus de financement au prorata de sa population. Ces argents aideront aussi à augmenter les espaces disponibles dans les logements d’urgence pendant l’hiver et à permettre à tous les centres subventionnés par la province d’offrir des services 24-7 (plusieurs logements d’urgence exigeaient que ses résident∙es quittent les lieux pendant le jour).

5. Le PCU a fait de la réduction des méfaits une pomme de discorde. La réduction des méfaits est une approche qui met l’accent sur la réduction des dangers posés par la consommation de drogues licites autant qu’illicites sans exiger l’abstention totale. Des méthodes préconisées par cette approche incluent la distribution de seringues stériles et des trousses d’inhalation sûre, en plus de services de consommation supervisés. Quoique ce n’est pas un point central de ce chapitre, la majorité des initiatives de réduction des méfaits ciblent les gens vivant en situation d’itinérance. Le PCU a réduit l’accès aux services de réduction des méfaits, décision qui a probablement mené à des problèmes de santé et des décès prématurés chez des personnes vulnérables.

En conclusion. Sous le premier ministre Jason Kenney, le PCU a lancé une stratégie de logement louable, bien qu’on n’y ait pas attribué le financement nécessaire. Cela étant dit, cette stratégie nomme des engagements importants en ce qui a trait à l’itinérance. Entre-temps, il a fait de la réduction des méfaits une question pointue, renversant de façon importante le progrès qui avait été fait en Alberta.

J’aimerais remercier Sylvia Regnier et Alex Tétreault pour leur appui avec ce billet.